EMISSION LES COUPS DE COEUR DES LIBRAIRES 11 02 2022
On peut être une belle personne, toujours prompte à s’indigner, prête à soulever des montagnes pour faire la révolution humaniste du XXIe siècle, et être incapable d’offrir un verre d’eau fraîche à son chauffeur ou de se souvenir du prénom d’une obscure assistante, même si elle mesure 1,78 m…
Je songe à La promesse de l’aube, feuilletée hier, dans la bibliothèque. À ses passages poignants à la fin du livre, où l’auteur parle de la difficulté de vivre quand on a été tellement aimé jeune, parce qu’ensuite, toute son existence, on espère, on attend de retrouver le même amour et on passe son temps à attendre ce que l’on a déjà reçu. Dans mon cas, j’ai vécu exactement le contraire, toute ma vie, je l’ai passée à chercher sans trop de réussite ce que je n’ai jamais reçu.
Tout en marchant, je me demande si le bonheur, finalement, ne ressemblerait pas à cela : quelqu’un qui vous enlace un jour avec tendresse, qui danse avec vous sous les étoiles et chuchote votre nom, qui vous embrasse dans le cou, une robe à fleurs légère, des dessous en dentelle et trois boules de glace qu’il faut lécher très vite avant qu’elles ne coulent sur la main…
Pourquoi un jour, un regard sur vous posé vous cloue sur place ? Pourquoi d'un coup, vos pensées, vos songes, reviennent toujours au même sujet sans que vous ne puissiez rien y faire ? Pourquoi votre coeur bat inexplicablement plus fort auprès d'une personne en particulier ? Vous vous pensiez à l'abri ? Prévisible ? Immuable ? Quelle folie que de vouloir dompter un coeur sauvage. "Il fallait bien qu'un visage réponde à tous les noms du monde" disait Paul Eluard. C'est très mystérieux tout ça. Vous verrez un jour ... Figurez-vous, jeune fille, que, par un amusant hasard, des deux hommes qui m'auront bouleversé, l'un aura été mon premier amour de jeunesse et l'autre mon amour de vieillesse. Ce dernier, tout platonique et secret qu'il fut, n'en aura pas moins été ... discrètement foudroyant.
Je sais que mon pays n’est pas parfait, mais c’est le mien, et je l’aime comme ça. Un peu comme les histoires de famille : quand on fait partie d’une famille, on sait bien qu’il y a des choses qui ne vont pas, mais ça ne nous empêche pas de dire que c’est notre famille, et qu’on l’aime.
A la lumière du jour, elle le regarde plus attentivement. Ce n'est pas qu'il soit laid. C'est qu'il y a plein de choses qui ne vont pas. Comme un dessin fait à la va-vite, qu'on a envie d'effacer et de recommencer, en s'appliquant mieux ; ou comme une statuette en glaise dont on ne pourrait s'empêcher de remodeler le sourire, de rectifier l'alignement du buste et de redresser.
Je sais bien que tu dois nous trouver un peu flippants et fêlés, et t'as pas tort. D'une manière ou d'une autre, si on se retrouve toujours ici, sur les quais, c'est qu'on est tous plus ou moins tombés à l'eau un jour et qu'on peut plus remonter... ou alors, on n'est pas loin de se noyer. Certains d'entre nous se débattent, d'autres se laissent flotter et j'en connais qu'ont coulé à pic... On sait tous comment c'est difficile de regagner la rive, et encore plus d'y rester. Mais je peux te promettre un truc, ma petite, c'est que toi, on va pas te laisser couler. Ce serait trop injuste.
— Plus court et plus simple ? Parce que vous pensez que ça a un intérêt de faire court et simple ? Mais dans ce cas, jeune homme, pourquoi donc savourer une pizza ? Pourquoi donc avoir pris la peine de saupoudrer dessus ces petites feuilles de basilic ? Pourquoi avoir rajouté un peu d’huile pimentée ? Autant avaler directement des pilules et des poudres qui nous nourrissent. C’est plus court et plus simple.
Le vieux, qui était avachi, se redresse lentement. C'est toute une affaire de déplier son torse maigre, de déployer ses longues jambes, de tendre ses bras pour secouer son grand manteau, de s'agripper au muret d'une main et de s'appuyer sur sa canne de l'autre. On dirait un étrange insecte chancelant et, pour le petit groupe qui l'observe, amusé, il est impossible de dire s'il s'agit d'un animal horrible ou sublime.
Manava, c'est un printemps. Un printemps de juin, éclatant, plein de promesses et triomphant, car il sait que les jours ne seront jamais aussi longs ni aussi lumineux que sous son règne.
(...)
Céline, aussi, est un printemps. Un printemps de mars, quand les giboulées arrivent sans prévenir et repartent aussi vite qu'elles sont venues. Un printemps qui se croit encore hiver, alors qu'il porte en lui les graines du renouveau.