Toute vérité passe par trois étapes. D’abord, on l’écarte ou la tourne en ridicule, puis on la combat et, pour finir, on l’accepte comme allant tout à fait de soi.
Le simple bon sens veut enfin que pour attribuer ou retirer l’attribut “légendaire”, “mythique”, “allégorique” et autres à certains récits de la Bible, il soit nécessaire d’user de prudence, car une découverte quelconque pourrait à tout moment révéler que ce que Ton croyait être le fruit de l’imagination corresponde au contraire à la réalité.
La Bible a fait l’objet des plus diverses clefs de lecture, généralement compréhensibles, mais parfois aussi excessivement fantaisistes ; elle a ainsi donné naissance à des interprétations théologiques, allégoriques, métaphoriques, théosophiques, anthroposophiques, ésotérico-initiatiques, psychanalytiques et autres.
Chaque interprète, personne individuelle ou église établie a souvent procédé de manière à trouver dans les textes des confirmations des doctrines et idées auxquelles il adhérait, et sur lesquelles on a quelquefois aussi édifié des structures complètes de pouvoir. Nous pensons aux luttes menées tout au long des siècles, dès les premières décennies de l’ère chrétienne, entre les divers groupes qui se disputaient, et se disputent
encore, le contrôle des consciences et l’administration de la “vérité” doctrinale. Nous pensons ici aux nombreuses “théologies”, d’ailleurs souvent élaborées sur un mode excessivement conflictuel, présentes dans les trois religions qui ont toutes leurs racines dans l’Ancien Testament. Dans le développement des différentes doctrines, les interprètes font fréquemment en sorte que les textes se plient à leurs exigences, et le sens qu’ils leur donnent est ainsi lu à la lumière d’une “vérité” dont l’origine semble parfois être proprement externe aux textes eux-mêmes.
On y évoque une obéissance craintive à un individu nommé Yahvé qui appartient au groupe des Elohim, des êtres de chair et de sang qui ne sont jamais définis comme des « dieux » au sens spirituel. L’Ecclésiaste (livre de Qohélèth) affirme en outre avec une clarté qui ne laisse pas de place au doute que l’homme n’a rien de plus (âme ou esprit) que les animaux et que, après la mort, hommes et animaux vont au même endroit (3:19-20).
Voici pourquoi le titre de mon livre affirme de façon péremptoire que la « Bible n’est pas un livre sacré » : il ne l’est pas, selon la signification commune de ce terme.
Le sens que beaucoup attribuent subjectivement au terme « sacré » n’a pas lieu ici d’être pris en compte. Communiquer exige le respect des sens que les mots revêtent « officiellement », de façon formellement partagée, et non suggestive et personnelle. Sinon, impossible de communiquer et de se comprendre.
Si toutes les réponses étaient déjà données, le futur serait scellé.