Frédéric BORDAGE - Gloire à la sobriété numérique !
Le bilan environnemental des octets est rarement meilleur que celui du papier. Il est surtout différent et dépend complètement du scénario d'utilisation. Mieux vaut, par exemple, emprunter un livre à la bibliothèque que le lire sur une liseuse électronique. Le même livre papier fabriqué une seule fois, mais lu par des centaines ou des milliers de lecteurs aura à coup sûr moins d'impact que la fabrication des centaines ou des milliers de liseuses électroniques.
Nos usages numériques sollicitent le circuit de la récompense dans notre cerveau. Chaque mail que nous recevons, ou chaque like que nous attribuons libère de la dopamine, exactement comme les drogues dures : alcool, héroïne, etc. Les concepteurs de sites web et de services en ligne le savent très bien et utilisent ces mécanismes inconscients pour nous rendre dépendants.
Il est donc temps de considérer le numérique comme une ressource critique qui devrait être réservée à des usages vraiment stratégiques pour l'humanité, comme sauvegarder et diffuser la connaissance que nous avons acquise durant de nombreux millénaires.
L'enjeu numéro un est de ne pas se tromper de combat, c'est-à-dire de mettre en œuvre, en priorité, les gestes qui ont le plus d'effet en demandant le moins d'effort.