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Citations de Florent Oiseau (272)


Devant mon immeuble, par terre, il y avait une mare de vomi, je l’ai regardée en fumant une cigarette, avec un mélange de dégoût et de fascination et j’ai jeté mon mégot dedans. À son contact, la braise s’est éteinte en libérant un sifflement léger, et je me suis entendu dire : les flaques de gerbe sont les ecchymoses des trottoirs.
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- Qu’est-ce que tu aimes chez une femme ?
[...]
- Chez une femme ? J’aime les cernes et le sourire. Les choses sur lesquelles je peux avoir une incidence.
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Le jour s'est levé, et je l'ai regardé faire.
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Le mouvement ajoute une dimension encore plus éphémère aux choses. Quand le bus file, il mange et digère les passants, le cerveau agit comme une baleine qui absorbe des milliers de poissons, sans qu’aucun n’apparaisse plus consistant qu’un autre. Et toutes ces personnes qui surgissent et disparaissent en même temps nous rappellent une chose que l’on ne prend pas assez en compte au quotidien : nous ne sommes que ça, des passants.
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Dès que tu lui posais une question sur un pays, il répondait toujours la même chose. " La Sierra Leone, ça relève de l'intime." Jamais un détail sur la culture locale, jamais une précision météorologique, gastronomique, anthropologique, jamais une photo de lui dans une forêt tropicale ou devant une pyramide. Que de "l'intime" et des épingles sur son globe terrestre. Il avait cet air de ceux qui sont revenus de tout sans être jamais allés nulle part.
(page 175)
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Je me suis arrêté après quelques arrêts, via Ginnastica, dans le vieux Trieste. Des immeubles aux couleurs chaudes mais usées, des façades qui se cassent la gueule et que personne ne semble vouloir refaire. Des murs roses, jaunes, orange, mais rien de clinquant, aucune trace d'un quelconque ravalement, d'une vaine tentative de rafraîchissement. Trieste se laissait vivre et mourir avec l'insouciance et la résignation de ceux qui ont trop aimé pour craindre de souffrir.

p 207
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Un clochard remontait la rue, habillé d'une grosse doudoune d'hiver. Le thermomètre de la pharmacie à l'angle de la rue indiquait trente et un degrés. Si les clochards portent leurs manteaux en été, ce n'est pas parce qu'ils ont froid, c'est parce qu'ils n'ont pas d'endroit pour les ranger.
(page 159)
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Parfois, la vie ne vous donne rien pendant des années, des décennies. Pas un trèfle à quatre feuilles, pas un Noël sous la neige, pas un billet de banque retrouvé dans une vieille veste. Aucune satisfaction, pas la moindre victoire, rien à manger pour l'égo. Elle ne vous donne tellement rien que vous pensez qu'elle vous a oublié. Vous êtes sous le porche d'une gare de province, un soir, et il pleut des cordes. Vous êtes trempé, il fait froid, vous êtes seul, le dernier bus vient de passer. Même un clébard ne viendrait pas vous tenir compagnie. Et alors que vous ne l'attendez plus, elle vient vous éclairer dans la nuit de ses phares emplis d'espoir. Elle fait ça pour tout le monde. Certains sont devant les pleins phares chaque journée, d'autres -la majorité- doivent se contenter de brefs faisceaux, d'éphémères éclaircies. Mais la vie finit toujours par revenir chercher les oubliés sous les porches des gares de province.
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-Qu'est-ce que tu aimes chez une femme ?
[...]
-Chez une femme ? J'aime les cernes et le sourire. Les choses sur lesquelles je peux avoir une incidence.
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Je me suis acheté un café que j’ai touillé avec l’aiguille du temps.
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Quand un couple se défait, qui est encore le plus amoureux ? La personne qui remplace l’autre dans la foulée, ou celle qui ne la remplace pas ? Qui cherche le plus à oublier l’autre ? Qui en a le plus besoin? Nous nous sommes séparés en octobre après quatorze ans d’amour. Le jour de Noël, la même année, elle ouvrait déjà ses cadeaux avec l’urologue. Quatorze ans balayés en une soixantaine de jours. Quatorze ans de promesses, de secrets, une fille, des réveillons heureux, des siestes au bord de rivières à notre écoute, des rires interminables, de la sagesse et du tumulte. Un restaurant rien qu’à nous rue Amelot, des promenades la nuit, du sexe comme de la bagarre, du sexe comme du miel. Des mots et des gestes, des phéromones, des sentiments, des factures payées ensemble, des grilles de mots croisés remplies ensemble, des murs repeints ensemble, l’enterrement de ma mère, celui de mon père. Une séparation. Et soixante jours plus tard, un autre. Un urologue. Parfois, je ne sais plus différencier ce que je vis de ce que je rêve. Ce n’est pas une façon de parler, la frontière est vraiment floue. Un jour, l’amour inonde vos vies, rien ne l’arrête, comme l’eau. Et le lendemain, on ne peut plus l’attraper, il est insaisissable, comme l’air. L’amour, c’est l’eau, le deuil, c’est l’air.
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J'ai aimé voir la Seine se promener sous le pont du Carrousel. Je la voyais comme une frangine avec des idées à gauche mais qui n'allait pas voter. La Seine était une femme paisible qui fumait des roulées sous les arbres à l'heure de la sieste et n'aidait pas à débarrasser la table. Un des bouquinistes du quai Voltaire, accoudé, semblait la regarder encore, ses vieux livres l'attendaient. J'imaginais que lui aussi la voyait comme une sœur, ou peut-être comme une amoureuse, du moins, comme une femme à laquelle on prête ses confidences.
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Sa bouche ressemblait à un joli pneu.
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J’ai parfois plus attendu la pluie que l’amour.
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Est-ce la vie qui crée le hasard ou l’inverse ?
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Ma vie n’avait pas été aussi près de basculer depuis une éternité. Depuis trop longtemps, elle était aussi triste qu’une rangée de tables dressées dans un restaurant vide.
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À son époque, on n’aimait pas son conjoint comme on peut l’aimer aujourd’hui. On dormait cinquante années dans le même lit, puis quelques autres sous le même couvercle, sans jamais aborder le sujet de l’amour. De nos jours, les gens font écrire des mots dans le ciel avec des avions, hurlent des chansons, jurent, pleurent pour prouver qu’ils aiment. Mais en fin de compte, ils ne restent jamais ensemble pour de bon.
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Dehors il se met à pleuvoir. Je me souviens alors d’une énigme qui dit «C’est toujours lui qui pleut» et la réponse est : «il».
Il pleut. On peut ranger ce qu’on veut derrière ce pronom, un gros nuage, Dieu, ou simplement « il ». Il pleut et le sol se parfume, la terre respire et le marteau-piqueur ne marteau-pique plus. On la ferme, les terrasses soufflent, le dehors se lave, les esprits s’apaisent, les gouttières rigolent, les rigoles gouttent. Il pleut sur le maquillage des Anglaises qui regardent le Moulin-Rouge en buvant des canettes de Carlsberg et ça creuse des sillons amers sur leurs grosses joues. Il pleut et, derrière les vitres, les chats envisagent ce spectacle dont on dirait qu’ils sont les seuls à le com- prendre vraiment. Devant les phares des voitures, il pleut aussi et tout devient constellations et poussières éternelles, et le clignotant et l’essuie-glace chantent de concert, se tordent, geignent, font des harmonies. Dans l’habitacle, on ne parle plus, parfois la radio le fait pour nous pendant que le ciel pianote sur le capot. Il pleut et je t’attends, Ana. Il pleut alors on en discute, il pleut alors on fume, on laisse le parapluie dans l’entrée, on pose une baguette mouillée sur la table de la cuisine, on ferme la fenêtre, il pleut alors on pense plus fort, plus dur, on écoute le bruit qui se diffuse, qu’on imagine voyager ailleurs, là où on voudrait être quand il pleut, dans une forêt ou dans ton cou.
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Un homme ne peut pas savoir ce que le ventre d'une femme représente, engendre, induit, provoque, combien c'est une zone sensible et omniprésente. C'est la matrice de la douleur, de la vie, du désir, et de la fin. Une femme aime et meurt toujours de son ventre.
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– Tu n’étais pas heureuse avec pépé ?
– Il a toujours été là, c’était comme un bras ou une jambe. On n’aime pas une jambe, on vit avec. Et puis, un jour on vous l’enlève et tout devient bancal.
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