Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
le Géant empêtré de Anne de Tinguy aux éditions Perrin
https://www.lagriffenoire.com/le-geant-empetre.html
L'Histoire du monde se fait en Asie : Une autre vision du XXe siècle de Pierre Grosser aux éditions Odile Jacob
https://www.lagriffenoire.com/l-histoire-du-monde-se-fait-en-asie-ne-u-ne-autre-vision-du-xxe-siecle.html
Sambre : Radioscopie d'un fait divers de Alice Géraud aux éditions JC Lattès
https://www.lagriffenoire.com/sambre-radioscopie-d-un-fait-divers.html
Last exit to Marseille de Guillaume Chérel aux éditions Gaussen
https://www.lagriffenoire.com/last-exit-to-marseille.html
L'invitée de Emma Cline et Jean Esch aux éditions de la Table Ronde
https://www.lagriffenoire.com/l-invitee-1.html
Un été à l'Islette de Geraldine Jeffroy et Catherine Guillebaud aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/un-ete-a-l-islette-2.html
On était des loups de Sandrine Collette aux éditions Audiolib
Entre fauves de Colin Niel, Thierry Blanc aux éditions Audiolib
La mariée portait des bottes jaunes de Katherine Pancol, Caroline Victoria aux éditions Audiolib
le Magicien de Colm Tóibín aux éditions Grasset
Les dernières volontés de Heather McFerguson de Sylvie Wojcik aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/les-dernieres-volontes-de-heather-mac-ferguson.html
Les narcisses blancs de Sylvie Wojcik aux éditions Arléa
https://lagriffenoire.com/les-narcisses-blancs.html
le Carnet des rancunes de Jacques Expert aux éditions Livre de Poche
https://lagriffenoire.com/le-carnet-des-rancunes-1.html
Reine Rouge de Juan Gómez-Jurado et Judith Vernant aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/reine-rouge-1.html
Les Brisants de Vanessa Bamberger aux éditions Liana Levi
https://www.lagriffenoire.com/les-brisants-1.html
Alto braco de Vanessa Bamberger aux éditions Liana Levi
https://www.lagriffenoire.com/alto-braco-1.html
le Parfum des poires anciennes de Ewald Arenz et Dominique Autrand a
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C'étaient les odeurs qui lui manquaient le plus. Le moût de poire dans la cave à vin. Dehors, dans la cour, les effluves des vaches que le vent apportait parfois des étables du village à la tombée de la nuit. L'odeur des pommes de terre tout juste sorties du sol, et leur arôme une fois cuites, quand on les mange avec du sel. Et puis ce parfum ancestral de soleil et de poussière qu'ont la paille et le foin quand la porte de la grange est ouverte et qu'on est sur le seuil en train de lire.
Au sommet de la route étroite qui montait entre champs et vignobles, l’air chaud vibrait sur l’asphalte. Liss, qui grimpait lentement la côte sur son vieux tracteur sans cabine, croyait voir de l’eau, une eau plus fluide que la normale ; plus légère et plus ondoyante.Une eau qu’on ne buvait qu’avec les yeux.
Sur les champs moissonnés où luisaient les chaumes, le blé était encore présent dans la puissante odeur de paille ; poussiéreuse, jaune, saturée. Le maïs commençait à sécher ; son bruissement dans la brise d’été n’évoquait plus le vert, il se transformait en un chuchotement rauque à la lisière du champ.
L’après-midi était torride et le ciel haut, mais quand on coupait le moteur on remarquait soudain que les chants d’oiseaux étaient moins nombreux et les stridulations des grillons plus sonores. L’été tirait à sa fin, Liss le voyait, le humait, l’entendait.
C’était une sensation agréable.
(incipit)
Sally craignait qu’il ne l’attende pas indéfiniment et qu’elle finisse par succomber, parce que ça la tiraillait tellement fort qu’à un moment ou un autre elle allait se retourner comme un gant, tout ce qu’elle avait de fragile au fond d’elle serait dehors et il serait trop tard. Parce qu’on ne pouvait pas vivre quand on était retourné comme un gant.
Il était si rare que les choses soient en équilibre. Sans bonheur ni chagrin. En d’autres termes : que le bonheur et la tristesse soient en suspens, se contrebalancent si parfaitement qu’on n’a plus envie de bouger.
(Albin Michel, p.154)
Elle n’en connaissait aucun qui n’ait pas tenté d’une façon ou d’une autre de la ligoter. La maison. L’école. Les cliniques. On y entrait, et voilà que les ficelles, les chaînes, les cordes et les filets se mettaient à pousser des murs et du plafond, il devenait de plus en plus difficile d’aller et venir à l’intérieur, il devenait de plus en plus impossible de sortir – de la maison, de l’école, des maisons des amis et de partout. C’étaient des chaînes souples, des cordes élastiques et des filets en caoutchouc, mais plus on voulait partir, plus ils vous retenaient, vous tiraient doucement en arrière ; la nuit, ils devenaient collants et lourds et si on ne fermait pas la bouche, si on ne respirait pas par le nez, ils pénétraient en vous. Ou bien ils se collaient à la nourriture et on les avalait par mégarde comme un cheveu, un cheveu qui n’en finissait pas, de plus en plus en plus épais et solide et qui vous tiraillait à l’intérieur jusqu’à vous faire vomir. Parfois il valait mieux ne pas manger.
Elle n'avait encore jamais vu abattre un animal. Elle n'avait encore jamais vu à quel point c'était facile, cet instant minuscule qui séparait la vie de la mort.
Sally ne connaissait aucun adulte qui grimpe ainsi dans les arbres. Ceux qu'elle connaissait faisaient du sport. Mais ce n'est que du sport. Ils ne bougeaient pas pour arriver quelque part. Ils bougeaient pour être quelque chose. Plus minces ou plus rapides ou meilleurs. En réalité, ils ne faisaient que tourner en rond.
Toutes choses qui avaient eu un jour leur raison d’être puis étaient tombées dans l’oubli, encore belles malgré tout, mais qui ne servaient plus à rien.
Il y avait des gens pour qui c’était pareil.
Elle était de ceux-là.
Elle regarda les couteaux. Tranchants. Minces. Beaucoup n’avaient qu’un seul usage, le jour de l’abattage, sinon on n’y touchait jamais.
Il y avait des gens pour qui c’était pareil.
Elle était de ceux-là.
Sur les champs moissonnés où luisaient les chaumes, le blé était encore présent dans la puissante odeur de paille ; poussiéreuse, jaune, saturée. Le maïs commençait à sécher; son bruissement dans la brise d'été n'évoquait plus le vert, il se transformait en un chuchotement rauque à la lisière du champ.