"Tous ses livres sont puissants et vous emmènent à la rencontre de destins de femmes exceptionnelles." - Valérie Expert
- Une femme debout, de Catherine Bardon aux Éditions Les Escales.
Le parcours hors du commun de Sonia Pierre, militante des droits humains, qui fit de sa vie un combat. Devenue avocate, elle luttera toute sa vie pour les droits des enfants nés de parents haïtiens sans existence légale en République dominicaine.
À retrouver sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/une-femme-debout.html
Et découvrez en poche :
- La fille de l'ogre
https://lagriffenoire.com/la-fille-de-l-ogre-1.html
- Les déracinés
https://lagriffenoire.com/les-deracines.html
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Flor a affûté ses arguments. Talons hauts, yeux charbonneux, lèvres cramoisies, ongles laqués, robe longue en taffetas de soie vert, magnifique contraste avec sa peau cannelle, décolleté ravageur dans les reins. Attablée avec une poignée de happy few, grand sourire plaqué sur le visage, Flor encaisse cuba libre sur daïquiri entre deux bouffées de cigarette.
(page 258)
Elle a été courtisée, désirée, brandie comme un trophée, jalousée, trahie, rejetée, négligée, humiliée, abandonnées, oubliée.
A-t-elle été aimée, seulement un peu ?
(page 391)
Le Jefe est devenu une caricature, engoncé dans son insupportable suffisance de tyran, éclaboussant tout le monde de son inébranlable foi en lui-même.
(page 292)
Je découvrais peu à peu ce que je n'avais pas soupçonné : le travail physique rend heureux. Non seulement cela vide la tête des pensées moroses et obsédantes, mais nos réalisations concrètes étaient immensément gratifiantes. Chaque pierre posée, chaque toit terminé, chaque mètre de route tracé, chaque puits creusé était une victoire sur la nature et le néant, un accomplissement total et totalement décisif, un pas en avant qui construisait notre nouvel univers. Notre rêve de bâtir une ville se concrétisait.
page 392 - La laiterie et la fromagerie fonctionnent toujours sous le label "productos Sosua". Les descendants sont toujours à Sosua où ils veillent sur la synagogue et le musée.
Elle parle français et anglais couramment, un peu d’allemand, connaît Ovide et Léonard de Vinci, Brahms et Verdi, la recette du bœuf bourguignon et celle des crêpes, maîtrise le point de boutonnière, sait distinguer un couteau à viande d’un couvert à poisson, elle joue au golf, au tennis, crawle, et surtout elle monte à cheval à la perfection. C’est là qu’elle excelle. Une cavalière à la hauteur de son père. Elle brûle de le lui prouver. Alors oui, ces années françaises lui ont été bénéfiques.
(page 53)
« 95 % des votes, tu te rends compte mi’ja ? Le soutien de toute l’élite du pays, du jamais vu, un exploit ! » Ce qu’elle omet de préciser, Aminta, c’est que, menacés de mort, les opposants politiques ont préféré jeter l’éponge ; que, contraints à la démission, les membres de la commission électorale ont été remplacés par des hommes à la botte ; que la campagne électorale s’est déroulée dans un climat de véritable terreur.
(page 48)
Elle a copié le style des mannequins des revues de mode et espère afficher une sorte d’élégance « à la française ». C’est un peu raté, Flor n’est pas très jolie, ni très grande, ni très classe. Ce n’est rien qu’une jeune fille de dix-sept ans aux allures de métisse, qui se cherche encore. Mais peu importe, elle est la fille du président et cela lui confère une aura très tangible.
(page 54)
Engourdie sous une chape de peur, Ciudad Trujillo est devenue léthargique à force de servilité. On n’ose plus sortir et on n’a plus guère le cœur à s’amuser dans cette ville agonisante, une ville de couleurs ternies, de parole muselée, de rires oubliés.
(page 244)
Les Kahn, médecins de père en fils, vivaient à Vienne depuis cinq générations. Les aïeux de la mère d’Almah avaient émigrés de Russie au début du siècle précédent. Ils appartenaient à cette grande bourgeoisie juive qui se croyait à tort assimilée et gardait soigneusement ses distances…
… il (le père) était de ceux pour qui l’appartenance à une classe sociale et à une profession comptait bien plus que leur judaïté.
La guerre avait fait de Zweig un juif errant mais il n'avait pas accepté d'être dépossédé de sa germanité et d'être réduit à sa seule identité juive.