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3.53/5 (sur 350 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Gand , le 07/08/1976
Biographie :

Caroline de Mulder est une écrivaine belge de langue française et professeure de lettres.

Élevée en néerlandais par ses parents, elle alterne ensuite des études en français et en néerlandais, primaires à Mouscron, secondaire à Courtrai, philologie romane à Namur, puis à Gand et enfin à Paris.

En 2010 , son premier roman "Ego Tango" (consacré au milieu du tango parisien, milieu qu'elle a elle même fréquenté assidûment), lui vaut d'être sélectionnée avec 4 autres écrivains pour la finale du prix Victor Rossel. Elle est la cadette de la sélection et remporte le prix. Elle a ensuite publié deux autres romans, "Nous les bêtes traquées" (2012) et "Bye Bye Elvis" (2014).

Elle publie en 2012 un premier essai : "Libido sciendi : Le Savant, le Désir, la Femme", aux éditions du Seuil. La même année, elle publie également un second roman, "Nous les bêtes traquées", aux éditions Champ Vallon, lors de la rentrée littéraire.

Elle obtient en 2018 le prix Auguste-Michot pour son quatrième roman "Calcaire" (2017), paru aux éditions Actes Sud. Son cinquième roman "Manger Bambi" (2021) remporte deux prix littéraires : le prix Transfuge du meilleur polar francophone et le prix Sade (ex æquo avec "Princesse Johanna" de Léo Barthe). Il est également finaliste de la première édition du prix Découverte – Claude Mesplède.

Son roman "La pouponnière d'Himmler" (2024), est une plongée romanesque saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Caroline de Mulder réside à la fois à Paris et à Namur où elle est chargée de plusieurs cours de littérature aux Facultés Notre- Dame de la Paix. En 2023, elle rejoint l’équipe du seul master en création littéraire de Belgique francophone à l'École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre.

page Facebook : https://www.facebook.com/MangerBambi/

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Dans son roman, Caroline de Mulder explore l'histoire glaçante des Lebensborn, ces maternités nazies destinées à faire naître une nouvelle génération d'enfants aryens. Avec son héroïne française, on est embarqué en 1944 dans "La pouponnière d'Himmler", titre de son livre. Située à Heim Hochland, en Bavière, c'est la première maternité nazie qui fait suite au projet d'Himmler de repeupler l'Allemagne qui perdait de nombreux hommes sur le front, mais aussi de ramener le pays à sa pureté originelle. Ces maternités ont accueilli des femmes allemandes ou étrangères, principalement enceintes de S.S. On estime à 20 000 le nombre de naissances pour une quarantaine de foyers dans toute l'Europe. Pour l'auteure, il était important de mettre en lumière ces "camps de vie" par opposition aux "camps de la mort", plus souvent évoqués. Dans son roman, Caroline de Mulder a souhaité documenter cette maternité sous le prisme des regards. D'abord celui d'Helga, une infirmière en cheffe mais aussi celui de Marek, un jeune polonais réchappé du camp de Dachau ou encore celui de Renée, une jeune normande française âgé de 20 ans venue accoucher d'un enfant, fruit d'une liaison avec un soldat. Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/

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Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
Des greffes, en plastique carmin. Ou des griffes. Plantées au bout des doigts d'un joli petit rongeur à gueule d'enfant plâtrée. Et maintenant qu'il manque celle de l'index droit, elle soupire. Devant elle, le homard intact et la blonde qui lui dit qu'on a envie de lui mettre des sparadraps partout sur les doigts et les mains. Mais l'autre reprend : "Un rien les fait jarter. De toute façon, pour toi, c'est la carte de l'étudiante en galère qui est gagnante, la femme fatale t'oublies, ça prendra jamais, t'as trop pas le profil. Écoute, mon frère, ces mecs-là ils veulent pas d'embrouilles. C'est pour ça qu'ils sortent le biff, pour pas être emmerdés. Ils raquent pour avoir ce qu'ils veulent, quand ils veulent et aussi longtemps qu'ils veulent. Et c'est des putains de divas. Si t'as l'air trop chtarbée ou trop mystique, ils se gênent pas, ils se barrent."
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Elle prend en main le Sig Sauer. Marche dans le living, pareille qu'un animal errant et traqué, et c'est comme ça qu'on meurt, elle pense. Comme si on en mourait. Comme si on mourait de mourir. Comme si on pouvait mourir de rage, n'importe quoi. Elle veut se cogner la tête une nouvelle fois, mais ça ne va pas fort, pas fort avec sa tête qui vacille, ses mains qui tremblent, la mollesse l'a gagnée de partout et elle est maintenant incapable de se taper, ni de jeter quoi que ce soit contre les murs, ni elle-même ni rien. Elle sort dans le jardin, erre dans le froid, comme si quelque chose allait apparaître, comme si elle allait rencontrer qui que ce soit, ici maintenant. Le froid est partout sauf dans sa tête, chaude à la peau, et qui cogne, cogne toute seule, pleine du battement de son coeur. Ça fait boum boum boum boum avec une douleur perçante. Devant elle, le mur très haut du jardin, un mur d'immeuble à dix étages, qui avale le peu de lumière du matin. De la brique crue, moisie, rouge et noire et verte. Et l'arbre, qui a poussé tout en hauteur, un acacia. Elle lève les yeux, les branches remuent, hypnotiques. Dans son ventre, tout s'est rétracté, rétréci, serré. Les pépiements d'oiseaux la transpercent pire que des aiguilles. Plusieurs pigeons dans l'arbre, qui s'en foutent de la faire souffrir.
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Il est photographe, à ses heures perdues. Bambi hoche la tête d'un air complice. La discussion s'engage comme ça, autour de la photographie et de la peau de Bambi qui prend si bien la lumière. Or Bambi le sait parfaitement, le plâtras dont elle est enduite ne laisse pas passer la lumière, ni même la peau ; son visage cache son visage et là où elle est, il fait noir, il n'y a rien à voir. L'homme, de type méridional, fait le mystérieux quant à ses origines, dit qu'il a beaucoup voyagé pour les affaires. Bambi boit ses paroles, en goûte l'odeur aigre sans reculer. Elle a dans ses regards quelque chose de pressant, comme une urgence. Comme si elle avait besoin d'argent, par exemple. Sauf qu'elle s'en fout de l'argent. Elle a juste besoin de tuer l'angoisse, besoin de se retrouver, de reprendre le dessus. Là elle étouffe, là elle ne se reconnaît plus. Si elle met minable ce mec, tout ira mieux. Quelques verres plus tard, il veut lui montrer son studio photo. Bambi n'hésite pas, elle n'attendait que ça. De son portefeuille, il sort plus de pièces que de billets et donne le compte juste, la voiture n'est pas loin...
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Elles glissent dans la paume du Roi. Il les avale trois à trois avec de l’eau de source, il aime le chiffre trois, il monte aussi les escaliers par trois quand il peut, monte monte vite. Puis il se redresse, ôte sa veste de pyjama, pour que le garde trouve un endroit, son corps est piqué de partout, son corps devenu cuir et cuirasse. Là, sous l’omoplate, tout près de la colonne, reste un peu de tendresse. Demerol : tue la douleur, régénère le corps, rajeunit les cellules. Amytal Carbrital Nembutal Seconal : repose le corps. Placidyl Quaalude Valmid : vous berce, vous ferme les yeux. Valium : vous détend, vous caresse. Tue la douleur. Il pense à Gladys, à ses gros yeux marron et doux, Dodo Elvis ti chaton aux tits pessons ti ventre à l’air quenottes parfaites menottes fermées au dodo et vite, bébé poids plume boubouille d’amour gaminot plein de clème glacée allégée éclémée lait délayé blanc layette.
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Certains la mangent délicatement, pétale par pétale, car c'est la vie et la force et la santé, et elle guérit de tout, cette fleur de la tombe d'Elvis, elle fait même revenir l'être aimé. D'autres enveloppent leur fleur, leur merveilleuse, dans un mouchoir, ou dans leur tee-shirt ôté faisant office de reliquaire, la gardent en prévision des mauvais jours. D'autres encore lui murmurent des mots. Il y en a qui la regardent se faner d'un air mécontent, on les a volés, la fleur perd ses pétales, se décompose dans la main ! Personne ne part. Les flics ont beau prier de ne pas marcher sur les tombes, de ne pas courir, de ne pas crier, et de s'en aller après avoir reçu la fleur, ils ne veulent pas circuler, partir encore moins. Ils en veulent plus, ils en veulent encore. Ils veulent non seulement les fleurs, mais aussi les banderoles, les babioles, les rubans, les coeurs brisés, ils déplument les ours en peluche, ils dépiautent les couronnes, ils dépècent les bouquets et emportent jusqu'aux fils de fer. Quand il n'y a plus rien, ils se rabattent sur les fleurs et les ex-voto des tombes voisines et se remplissent les poches de poignées de terre et mastiquent la terre et avalent la boue et s'en étalent sur le visage. Ils reprennent ce qu'ils ont donné et s'emparent du reste.

Le surlendemain de son enterrement, il ne reste à Elvis plus une fleur, plus une tige. On ne lui laisse que de la poussière piétinée.
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La carapace résiste à la pince, aux doigts, aux ongles, émet des craquements. La ravissante casse en deux sa moitié de homard et mord dedans :
- Sérieux, on va juste se ruiner les dents là. Quelle arnaque.
- Ton idée. Y avait aussi des burgers et des pâtes.
- T'as trop raison. Encore un truc de bourge. C'est stylé de raquer pour pas dîner. C'est trop la classe de rien bouffer. En vrai, on aurait dû prendre un burger. Le homard je sais pas faire.
- Mais attends attends ! Le boloss ! Il peut nous faire les explications.
- Il peut pas. Le bâillon.
Elles se tournent toutes les deux vers le lit.

Sur le lit, il y a un homme, le visage déformé par un bâillon-boule. Il est allongé sur le dos, les mains attachées au cadre par des menottes roses, ses jambes aux pieds du lit avec du gros scotch de bricolage. Il a le pantalon aux chevilles et le sexe mort. Contraste indécent avec sa chemise blanche et froissée en mille morceaux, son pantalon de costume noir, en accordéon ; c'était, il y a quelques heures, un financier qui sortait d'une journée de travail très bien payée. C'est maintenant un gros animal terrorisé. Sa peau est bien remplie. Il est replet, rebondi même, presque féminin. Tout de lui déborde : les yeux, le visage, la chair, et rien ne tient debout. Le couvre-lit moins rouge et moins fluide que son visage prêt à exploser. Ses yeux crachent des larmes. Un tremblement irrégulier secoue son corps tout entier.
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Elvis inspire expire inspire se donne l’air de sourire, les Gars l’escortent du vestiaire à la scène, éloignent de lui tous les indésirables, très fort résonne Also Sprach Zarathustra, musique du triomphe, de la grandeur, du superhéros dont l’arrivée est imminente. Elvis sourit grimace inspire expire transpire, il a peur, les Gars lui donnent une tape dans le dos, lui tendent un soda. Tout près de la scène, l’un d’eux fait un grand signe, car Elvis est arrivé, Elvis est prêt. Trente secondes et il faut alors y aller, se jeter dans les projecteurs, devant la foule, se donner en spectacle. Et Elvis entre en scène au pas de charge. Sous quelque angle qu’on le filme, il fait peur à voir. Son visage est boursouflé et, par-dessus le masque de fond de teint, sa peau malade coule de partout. La lumière et la sueur le font cligner des yeux.

21 juin 1977, Rapid City. Je vais jouer à la guitare, Croyez-le ou pas, je ne connais que trois accords, Toutes ces années, j’ai fait semblant, On pourrait me démasquer, ce soir, Et si vous vous imaginez que je suis nerveux… vous avez bien raison. Le public applaudit hurle. Elvis transpire la souffrance, Je vais vous jouer une chanson qui s’appelle Te Sens-Tu Seule Ce Soir. Moi je le suis, et je l’ai été. Elvis se concentre alors sur un ongle qu’il s’est cassé (merde), puis commence...
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Le soir, comme d’habitude, nous avons prié. Dans le canapé, lui côté droit moi côté gauche, et le son baissé, nous avons fermé les yeux et John a chuchoté. Merci Seigneur de m’avoir montré le chemin, Et de m’avoir envoyé Yvonne, Et pardonnez-moi mes péchés, Mais allez-Vous me reprendre le reste de ce que vous m’aviez donné, Que Votre volonté soit faite, Mais aidez-nous, Seigneur, Car nous avons peur, amen. Et John White après un petit moment de silence a ouvert les yeux, Dieu m’a parlé, Yvonne, Il pourvoira, Et regardez les oiseaux du ciel. Très pieux, John White était, comme on dit, un drôle de paroissien. En arrivant chez lui, j’avais tout de suite remarqué qu’il portait au cou à la fois la croix et le Haï juif. C’était tout simple : il ne voulait pas manquer le paradis pour une question technique, et d’ailleurs, tous autant que nous étions, nous avions bien parmi nos ancêtres lointains un Juif, Et vous aussi Yvonne ! Il savait beaucoup de choses, n’avait pas son pareil pour trouver dans la Bible toutes sortes de révélations mystiques. Il faut regarder au-delà des apparences, disait-il toujours. Soulever le voile.
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Elle se regarde dans son Samsung. Son œil au noir apparaît. Son visage change, se charge. Elle semble blessée, effrayée, perdue.
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Heim Hochland en Bavière est la première des pouponnières mises en place par le régime nazi. Ces maternités avaient pour vocation d’accueillir des femmes définies comme étant de « race pure » pour donner naissance à des enfants en tout point conformes aux critères aryens. Mais bientôt, ces lebensborns vont aussi héberger des enfants enlevés à leurs parents en Pologne, en Norvège, en Tchécoslovaquie.

Caroline de Mulder a choisi de donner pour cadre à son récit ce lebensborn en particulier. Premier ouvert et dernier fermé, où Himmler faisait des visites régulières.

Elle y place trois personnages. Renée, jeune française enceinte d’un soldat allemand pour qui le Heim Hochland est devenu le seul lieu où trouver refuge. Helga, infirmière dévouée dont les certitudes vont peu à peu vaciller au cours de cette année 1944 où tout se délite autour d’elle. Et Marek, prisonnier politique déporté qui construit, avec d’autres prisonniers, les maisons qui complètent la maternité.

A travers ces trois destins qui vont se croiser et se mêler, Caroline de Mulder raconte ce projet fou de créer une race supérieure, dépouillée de tout ce qui peut être considéré comme une imperfection. Les vies de Renée, Helga et Marek vont se trouver totalement changée. Bien que française, Renée a été acceptée dans le lebensborn car elle possède les caractéristiques demandées par les nazis : un panel de critères, régit par une échelle de notation extrêmement précise. La toute jeune fille d’à peine vingt ans, tondue par ses compatriotes, plongée dans une profonde solitude, trouve ici une sorte de havre, où elle est bien nourrie, bien logée. Et même si elle ne parle pas allemand et que les autres femmes ne lui font pas très bon accueil, elle trouve là un abri où faire halte et être prise en charge.

De son côté, Helga est intimement persuadée du bien fondé de ce programme et de l’aide qu’elle apporte aux mères et aux enfants. Toutefois, au fur et à mesure du repli des autres lebensborn vers Hochland, ses yeux s’ouvrent progressivement. Jusqu’à la découverte de certains dossiers que les SS s’emploient à faire disparaitre par le feu. Ses doutes et ses questionnements sont traduits dans les pages de son journal intime. Son humanité transparaît aussi par la compassion dont elle fait preuve envers Frau Geertrui, mère d’un petit Jürgen qui sera euthanasié sans état d’âme car non conforme aux critères de pureté de la race.

Quant à Marek, Caroline de Mulder en transcrit les souffrances avec une grande acuité. Souffrances physiques dues à la faim, à la maltraitance mais aussi douleurs morales quand il replonge dans ses souvenirs. Marek est le personnage par qui la violence entre dans ce récit et le contrepoint à l’espèce de quiétude qui règne dans le lebensborn complètement coupé du monde et de la guerre.

Au fur et à mesure que les Américains avancent, libérant les pays traversés et s’approchant du lebensborn, les choses vont basculer pour ces trois personnages. Au bout de cette longue et terrible succession d’événements, certains trouveront un nouveau sens à leur vie quand d’autres la remettront en question.

Caroline de Mulder nous plonge ici dans un abîme à la fois fascinant et terrifiant mais absolument pas manichéen. Elle ne livre aucun jugement, laissant le lecteur se faire son avis sur les personnages et sur leurs choix, donnant à chacun cette part d’humanité qui fait que l’on peut basculer vers le bien ou vers le mal.

Si elle concentre son récit sur trois personnages et un moment particulier de la vie de ce lebensborn, on ne peut évidemment lire ce récit sans penser à tous ces enfants devenus orphelins, sans histoire, sans identité et qui ont dû se construire sans fondations solides à leur sortie de ces lieux.
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