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3.9/5 (sur 533 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1993
Biographie :

Anne-Fleur Multon est une écrivaine française de littérature jeunesse.

Après une classe préparatoire littéraire au Lycée Henri-IV de Paris, elle effectue un Master de littérature comparée à l'Université Paris-Sorbonne. Elle a travaillé sur le motif de l’héroïne invincible et érotisée dans la littérature jeunesse des années 2000 et sur sa réception.

Elle publie en 2017 son premier roman, "Viser la lune", le premier tome de la série "Allô Sorcières", sur l'amitié de quatre adolescentes. Le second tome de la série, "Sous le soleil exactement", paraît en 2018 et est salué pour ses thématiques féministes. Les deux romans paraissent aux éditions Poulpe Fictions et sont illustrés par la dessinatrice Diglee (Maureen Wingrove).

Elle a co-écrit, avec cinq autres auteures, le recueil de nouvelles "La revanche des princesses" (2019), remarqué pour son engagement féministe, et le roman "C'est pas ma faute" (2020), avec Samantha Bailly.

Féministe et passionnée par l’univers de la radio, elle est aussi chroniqueuse et community manager à TrENSmissions, la webradio de l’École normale supérieure. Elle est ouvertement lesbienne.

page Facebook : https://www.facebook.com/Annefleur.Blume
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Quelques questions à propos de C`est pas ma faute


01/04/2020

C`est pas ma faute est le fruit de la rencontre explosive entre deux jeunes auteures qui ont toujours été fascinées par l`adolescence, cet âge où tout est possible mais pendant lequel, souvent, rien ne semble aller. On suit dans ce roman l`enquête de Prudence, une jeune femme partie sur les traces de Lolita, son influenceuse préférée, subitement disparue. Que va révéler cette enquête sur Lolita et le monde des stars de Youtube et d`Instagram ? Et surtout que cela va-t-il révéler sur Prudence elle-même ? Rencontre croisée avec Anne-Fleur Multon et Samantha Bailly.

L`intrigue de votre roman peut faire penser à ce qui est arrivé en 2016 à Marina Joyce, une jeune youtubeuse anglaise que certains fans, à la vue de certaines vidéos énigmatiques, pensaient être en danger. Cette histoire a-t-elle été le point de départ de votre roman ? Qu`est-ce qui vous a toutes les deux intéressé dans cette "affaire" ?

Anne-Fleur Multon : Effectivement, on a entendu parler de cette histoire incroyable ! La réalité dépasse souvent la fiction... Mais nous ne l’avons découverte qu’en cours d`écriture. C’est une histoire similaire qui a lancé le roman. À l’époque où nous avons commencé à parler de notre histoire avec Samantha, j’étais encore rédactrice chez madmoiZelle.com, et j’avais interviewé une jeune lycéenne qui vivait à Troyes. Elle était suivie par plus de 70 000 personnes sur Instagram, et son compte avait explosé presque du jour au lendemain. Dans sa petite ville, elle fascinait. Tout le monde la connaissait. Dans le bus qui l’amenait en cours, on la prenait en photo à son insu. La Britney Spears de la campagne auboise ! Et puis un jour, son compte a été piraté, et elle a tout perdu. J’avais trouvé cette histoire tragique. Tout ce travail qu’on lui jalousait, qu’on lui enviait, qui la bouffait aussi (elle avait fait de l’anorexie, elle voulait être toujours plus mince sur les photos), avait disparu en un instant. Ce travail que personne n’avait pris au sérieux, même pas elle, parce que c’est tellement facile et futile, n’est-ce pas, de poster une photo, d’être jolie, de sourire, de répondre aux commentaires ? Elle m’avait confié être aussi perdue que soulagée. Il y avait là-dedans quelque chose de la fragilité, du sexisme aussi, dont on voulait parler dans C’est pas ma faute.

Samantha Bailly : Oui, on a beaucoup discuté de ce témoignage aussi puissant que troublant… et de multiples réflexions sont venues se mêler à ce qui est un fait divers. De mon côté, j’envisageais d’écrire sur les coulisses des “influenceurs” depuis quelques temps, sans que cela prenne de forme définie. Notre rencontre avec Anne-Fleur a créé cette collision entre toutes ces inspirations et idées, et en quelques heures à peine, le début de C’est pas ma faute est né dans un café avenue des Gobelins...




Lolita, l’une des deux héroïnes de votre roman est une jeune "influenceuse" très populaire auprès des jeunes. Pourtant, malgré tous ses fans, elle semble très seule... Qui est Lolita exactement ? Qu’est-ce qui vous intéressait dans son profil ?

Samantha Bailly : Lolita est un personnage complexe, qui révèle de nombreuses aspérités au fil des pages. On va éviter de trop en dire pour ne pas dévoiler des pans entier de l’intrigue, Lolita est un mystère en soi ! Ce qui est certain, c’est que de l’autre côté d’Instagram, ce sont des dizaines de milliers de jeunes filles qui rêvent de lui ressembler. Ses attitudes, son audace, sa beauté… tout laisse à croire qu’à 16 ans, elle a touché le jackpot depuis sa chambre d’adolescente dans le sud de la France. Ce que l’on peut dire, c’est que C’est pas ma faute questionne la surexposition médiatique via les réseaux sociaux. Aujourd’hui, les digital native ont le matériel, les techniques et les codes pour devenir célèbres par eux-mêmes, sans contrôle d’un adulte et sans ligne éditoriale. La puissance colossale des réseaux sociaux, les millions de vues ou les centaines de milliers d’abonnés, donnent à ces adolescents une grande influence tout autant qu’une exposition considérable, pour lesquelles ils n’ont aucune préparation. Notre Lolita est l’incarnation de la star qui s’est elle-même créée, la Britney Spears de 2020, qui en a la naïveté, la fragilité, mais aussi la force et l’audience.


Alors que Lolita disparaît du jour au lendemain, une fan de cette dernière, un certaine Prudence, se lance à sa recherche. Qu`est-ce qui l`obsède autant chez Lolita ? Pourquoi se lance-t-elle à corps perdu dans cette quête ?

Anne-Fleur Multon : Prudence est l’archétype de la fan obsessionnelle - elle adore Lolita car elle peut projeter sur elle tout ce qu’elle veut y mettre. Tout ce à quoi elle voudrait ressembler. Lolita est un personnage fantasmé de Prudence. D’ailleurs, son comportement obsessionnel vis à vis de la youtubeuse est lui aussi inquiétant : même si elle ne veut aucun mal à Lolita, à sa façon, elle aussi la harcèle. Elle aussi attend quelque chose d’elle.

Et je pense que ce qui pousse Prudence à se lancer à corps perdu dans cette quête incertaine, ce n’est pas tant son amour pour Lolita que, dans le fond, elle ne connaît pas, que la volonté confuse qu’il lui arrive enfin quelque chose, quelque chose qu’elle choisit, elle qui a l’impression de subir sa vie. Prudence est prisonnière d’elle-même. Elle ne se comprend pas. Et c’est davantage pour elle que pour Lolita qu’elle décide de partir à sa recherche. Car Pour Prudence, le vrai mystère, ce n’est pas Qu’est-ce qui est arrivé à Lolita ?, c’est plutôt : Pourquoi je pense à cette fille tous les jours ?


Le roman est un vrai thriller, avec une disparition énigmatique et une enquêtrice inattendue qui part à sa recherche. C`est aussi un roman sur cette période charnière qu`est l`adolescence. Qu`est-ce qui vous intéresse, vous interroge peut-être, sur cet âge ?

Samantha Bailly : Tellement de sujets ! Peut-être que l’un de ceux qui nous a le plus interrogé est le rapport à l’image de soi, dans une période riche en transformations mentales et physiques. Sans parler des miroirs déformant des réseaux sociaux, qui viennent accentuer encore ces phénomènes. Lolita comme Prudence ont des rapports difficiles à leurs corps adolescents. Lolita, prenant pour modèles les mannequins et influenceuses, est obsédée par l’image qu’elle renvoie et son poids. Elle compte scrupuleusement les calories qu’elle s’autorise à avaler et contrôle son poids sur la balance plusieurs fois par jour. De même, sa couleur de cheveux et son maquillage se calquent en fonction des tendances, de ce qu’elle observe sur la toile. Elle a le sentiment constant de ne pas être “assez”, et les milliers de compliments de ses fans reçus chaque jour ne changent rien à sa propre perception d’elle-même et de ce qu’elle considère comme ses “gros défauts”.

Prudence a grandi dans un monde qui ne la représente pas : depuis toujours, elle a la sensation d’être le vilain petit canard, elle a l’impression d’être de trop. Trop de cheveux trop crépus, trop foncée, trop de hanches pour danser. Et pour correspondre davantage à l’image qu’elle se fait de la perfection qu’elle devrait atteindre (et qui s’incarne pour elle dans son idole, Lolita), elle s’astreint à un contrôle presque obsessionnel de son corps : elle lisse ses cheveux à outrance, elle éclaircit son visage avec des fonds de teint trop clairs pour sa carnation… Ce sont des questionnements très intimes, particulièrement saillants dans une période où tout change d’une année sur l’autre.

Anne-Fleur Multon : J’aime les ados pour leur recherche d’absolu, pour leur intensité, pour leur héroïsme et parce que c’est l’âge des premières fois, des premières amours déçues, des premiers coeurs qui battent, des amitiés pour toujours et de l’envol, aussi. Les blessures qu’on s’y fait marquent l’adulte qu’on deviendra, et pourtant les adultes souvent ne prennent pas le temps de les prendre au sérieux. Un chagrin d’une ado, ça ne vaut pas grand chose, pas vrai ? L’important, c’est de bien réussir à l’école, pas vrai ?

Moi je crois au contraire que l’adolescence est l’âge des consolations. C’est l’âge où on a le plus besoin encore d’être entouré-e, avec douceur, d’être compris-e, écouté-e, peut-être parce qu’on a plus tout à fait les mots pour demander de l’aide, parce qu’on ne peut plus pleurer aussi fort qu’un enfant qui a mal, qu’on a conscience qu’il faut être grand, et qu’être grand c’est sourire et se taire. On a voulu montrer ça, dans le livre. Que l’oreille bienveillante d’un adulte, une main secourable, c’est précieux. Il y a pleins d’adultes de tous les âges, dans notre roman. Parce qu’on est jamais ado tout-e seul-e - il y a bien là un grand-père avec qui pleurer sur des loukoums sucrés, un grand frère avec qui faire des bêtises, une prof qui peut-être s’inquiète de ne plus nous voir si attentive en cours, une amie à qui écrire des lettres.




Dans la première partie du livre on suit alternativement les deux personnages à des temps différents : Prudence d`un côté, que l`on suit après la disparition de Lolita, et Lolita donc que l`on découvre quelques jours avant qu`elle ne s`évapore. Pourquoi cette double temporalité ?

Samantha Bailly : Le lecteur navigue entre passé et présent : dans les chapitres de Lolita, on découvre peu à peu sa vie avant la disparition, et ce qui a conduit à cet événement dramatique inévitable. Aux côtés de Prudence, on enquête avec ferveur pour comprendre le pourquoi de cette disparition si soudaine. Ce jeu entre les temporalités se prête tout à fait au thriller, et permet de recomposer peu à peu les pièces manquantes du puzzle.


Le roman est écrit à quatre mains et il semble que vous vous soyez répartis les deux rôles. Qui a choisi d`écrire sur quel personnage ? Cette distribution des rôles a-t-elle été évidente ?

Samantha Bailly : Je me souviens que l’on s’est attribuées les personnages assez naturellement alors qu’on les construisait à voix haute. C’était beaucoup plus simple, d’un point de vue pratique, d’écrire un chapitre sur deux. Cette façon d’écrire a également permis de démarquer deux voix très différentes, ne serait-ce que par le style, tout en gardant une unité d’ensemble.

Anne-Fleur Multon : Je crois que nos personnages nous ressemblent. Je suis rentrée dans la peau de Prudence comme dans un vêtement familier. Je connaissais ses angoisses, cette peur de soi et du monstre dans le ventre qui nous brûle les entrailles, qui nous susurre à l’oreille qu’on est différent, pas assez bien, dégoûtant. Comme Prudence aussi, j’ai une certaine tendance au fangirlisme ! Instant confession : ado, j’étais fan à en crever de Tokio Hotel. Et j’ai compris bien plus tard pourquoi j’étais si fascinée par le chanteur. Je crois que Sam aussi s’est reconnue dans Lolita. Elle connaissait bien mieux que moi le monde de YouTube, et la fragilité de celle qui sait ne pas appartenir au “bon milieu”. C’est tout aussi naturellement qu’on a trouvé les “voix” de Lolita et Prudence : Loli parle avec des phrases courtes, utilise le pronom “tu”, et Prudence est très lyrique, bien plus introspective aussi. Là encore, nous avons utilisé les spécificités de nos styles personnels pour donner du corps à nos personnages.


Comment s`est ensuite effectuée cette écriture en duo ? En regardant votre vlog sur Youtube, on constate que le roman est le fruit de discussions constantes entre vous…

Samantha Bailly : C’était une expérience aussi passionnante qu’enrichissante, assez inédite pour nous deux. Ecrire un roman à quatre mains, ce n’est pas rien : ça n’a rien à voir avec d’autres collaborations créatives, comme la bande dessinée ou les vidéos. Nous avions là les mêmes outils, les mêmes compétences, pour donner vie à une création, mais chacune nos voix, nos habitudes, nos obsessions. Je crois que les vlogs reflètent très bien cette période d’écriture, d’ailleurs, j’aime bien les revoir de temps en temps, cela permet de faire un bonds dans le temps et de revoir chaque étape de l’écriture ! Ça a été un processus très doux, qui s’est glissé dans nos vies respectives comme autant de bouffées d’oxygène. Ce roman est autant une création que la consolidation, jour après jour, d’une amitié solide entre nous.

Anne-Fleur Multon : On écrivait ensemble physiquement. C’était l’occasion de discuter de tout ce que nous voulions mettre dans le roman, de boire un thé entre copines, de rigoler un peu, et de se relire les paragraphes qu’on venait d’écrire, pour les amender, pour leur donner du rythme. On a d’abord écrit le synopsis ensemble, chapitre par chapitre. L’une de nous avait une idée, l’autre rebondissait, c’était très vivant ! Ensuite, très vite, est venue l’idée d`intercaler les chapitres de Lolita et de Prudence. On se disait : aujourd’hui, on écrit le chap 4 et le chap 5 ! Quand on bloquait, on faisait une pause, on buvait un verre, ou l’autre venait à la rescousse. À la fin de l’écriture du roman, pour les corrections, on s’était réparties le travail en fonction de nos compétences : moi, par exemple, je devais vérifier toutes les dates qui précèdent chaque chapitre. Je suis une vraie pro du calendrier de 2017, sur lequel on a basé C’est pas ma faute, maintenant ! C’était une écriture fusionnelle, une vraie expérience d’amitié, qui a je crois apporté et au roman, et à nos sensibilités artistiques respectives !

Qu`avez-vous appris l`une de l`autre de cette expérience d`écriture en commun ?

Anne-Fleur Multon : Je pense que mon écriture est introspective, sensorielle, très vivante. Mais je manque cruellement de concision, et j’ai le chic pour me noyer dans des arcs narratifs secondaires et perdre de vue l’intrigue principale. Travailler avec Sam m’a permis de mettre le doigt sur ces défauts, et d’apprendre à les corriger, parce que justement, c’est l’une de ses qualités littéraires : son écriture est très rythmée, c’est une maîtresse du suspense !
J’ai aussi appris à lâcher prise, et à me faire confiance. J’ai tendance à avoir du mal à lâcher le bébé, à admettre que ça ne sera pas “parfait”. Sam m’a appris qu’il vaut mieux un roman achevé qu’un roman parfait (et pas fait !).
Il a aussi fallu travailler avec les contraintes de l’autre ; savoir dire quand ça ne va pas, admettre qu’on est bloqué, ou qu’on a pas trop aimé ce paragraphe là. Avouer qu’on est pas en forme, et qu’on a du mal à écrire.
Écrire un roman à deux, c’est intimement travailler en équipe. C’est confier à l’autre une partie sensible de soi. C’est une expérience à nulle autre pareille : par dessus tout, j’ai appris que j’avais trouvé une amie selon mon coeur.

Samantha Bailly : Je suis d’accord avec tout ce que dit Anne-Fleur ! De mon côté, à une période qui plus est particulière de ma vie, cela m’a reconnectée avec certaines zones de mon propre monde intérieur que j’avais laissé à l’abandon depuis des années. Parfois, ma technicité, cet aspect structuré qu’évoque Anne-Fleur, est aussi un rempart pudique. Anne-Fleur a ce talent naturel pour aller fouiller dans ce qui fait mal, dérange, pique, vous savez, ces recoins sombres dont on veut se détourner. Ce sont pourtant toutes ces cassures que la littérature nous apprend à regarder bien en face : l’âme humaine dans sa grandeur et sa complexité. Je me suis autorisée à écrire encore différemment, cela m’a permis de me questionner, de me réinventer tout en conservant mon empreinte. Ce qu’on attend d’une expérience qui fait grandir et progresser, pour résumer ! Si l’on compare à Nos âmes jumelles, une série de romans adolescents qui abordent un certain nombre de thématiques communes avec C’est pas ma faute, on constate que le traitement n’a rien à voir. C’est le miracle du travail d’équipe !



Anne-Fleur Multon et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Harry Potter, évidemment !! J’ai toujours adoré les histoires, et j’ai toujours dit que je voulais être écrivaine. Mais je suis vraiment passé à l’acte après la lecture du premier tome de la meilleure saga de tous les temps. Écrire, c’était un peu devenir une sorcière à mon tour. Écrire, c’était enfin recevoir ma lettre pour Poudlard.


Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ?

Argh, il y en a tellement !!! Récemment, Miss Charity, de Marie-Aude Murail. Figurez-vous que j’avais déjà écrit une ébauche de biographie de Beatrix Potter, personnage historique que j’adore, et que celle de MAM était si belle et si parfaite que je ne pouvais même pas lui en vouloir de m’avoir damné le pion. Sinon, comme Sam je crois, À la Croisée des Mondes, Harry Potter bien entendu, Hermux Tantamoq aussi (ah, vous ne connaissez pas ? Et bien allez le lire, c’est formidable).


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Je crois que j’ai trop dit Harry Potter, n’est-ce pas ? C’est difficile pour moi de dater mes découvertes littéraires, parce que voyez-vous je consomme goulûment la littérature, et donc je fais des découvertes littéraires majeures depuis toujours. Grosse claque pour Le parfum  de Patrick Süskind, je devais être au début du collège. J’ai toujours eu un odorat très développé, toujours fourré mon petit nez partout où il y avait une odeur intéressante, et de faire de ce sens immatériel et invisible l’héroïne d’un roman, j’avais trouvé ça osé, dérangeant, excitant, aventurier, imprévisible, bref, j’étais enthousiaste. C’est un livre que je relis très régulièrement, et qui m’inspire toujours autant.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Harry (humhum) Potter ? Il y a aussi Le jardin secret de Frances Hodgson Burnett, une lecture douillette et qui me donne des frissons de printemps, Maintenant, c`est ma vie, de Meg Rosoff   (un roman jeunesse brillant, une dystopie douce, lumineuse et forte), Matilda  de Roald Dahl  (pour La petite maison de la maîtresse), la trilogie d’Ellana de Pierre Bottero parce qu’elle est si belle et courageuse et sexy, Les Rougon-Macquart, tome 3 : Le Ventre de Paris  d`Émile Zola (oooouh les descriptions de boustifaille) et l’ensemble de l’oeuvre de Jacques Prévert, parce qu’à raison d’un poème par soir, on finit par relire et bref, beaucoup beaucoup de jeunesse parce qu’on ne se refait pas. J’adore relire, je pense que j’ai déjà relu plusieurs fois tous les livres que je possède. Les livres cités ici ont dû être lus au moins une cinquantaine de fois (mais probablement plus)(oui je suis irrécupérable).


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Aucune honte de ne pas avoir lu un livre ! Personne ne devrait avoir honte de ne pas connaître un roman. C’est une joie, au contraire, de savoir que des merveilles inexplorées nous attendent. Si quelqu’un un jour vous fait sentir honteux pour ne pas maîtriser une référence littéraire quelconque, bottez lui les fesses de ma part, et brâmez lui à la face qu’une histoire n’est pas une ligne dans le CV mais une expérience personnelle, intime, délicieuse. Parfois, ce n’est pas le moment de la consommer. Parfois, c’est trop tard pour l’apprécier. De toute façon, ça n’est pas grave : il y a toujours un livre qui nous attend quelque part. Le défi, c’est de trouver lequel, et fi des recommandations des élites légitimantes, faites-vous plaisir !!


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Là où tombent les anges, de Charlotte Bousquet. Dysfonctionnelle, d’Axl Cendres. Les aventures d’Hermux Tantamocq d`Michael Hoeye, dont je parlais plus tôt. Le poids des secrets, Tome 1 : Tsubaki  d`Aki Shimizu, en littérature adulte. Je me marierai avec Anna, de Thierry Lenain, en album !


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Comme Sam, je n’ai jamais vraiment été déçue en ouvrant un “classique”. En revanche, c’est cette appellation que je trouve surfaite. Ces grands romans qui font la Littérature avec un grand L ne sont pas meilleurs, à mon avis, qu’un tas d’autres romans qui sont des incontournables pour moi, et un Vango, tome 1 : Entre ciel et terre  vaut bien Le Grand Meaulnes  !


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


Je vous laisse déguster la citation suivante, extraite du Lolita  de Vladimir Nabokov, qui évidemment a inspiré notre roman. Lolita qui m’a tant fascinée, adolescente. Qui était aussi posée sur le bout de ma langue. Qui nous a accompagné pour l’écriture du roman. Lolita dont ce n’était pas la faute.

“Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of the tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta. She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita.”


Et en ce moment que lisez-vous ?

Je viens de finir le dernier roman d’Arnaud Cathrine, Romance, un lecture très intense, héroïquement adolescente, sensuelle et incarnée. Et comme nous sommes confinés, je relis beaucoup aussi. En ce moment, c’est au tour d’Ellana, de Pierre Bottero. Comment ça, vous aviez deviné ?



Découvrez C`est pas ma faute de Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon   aux éditions PKJ





Entretien réalisé par Pierre Krause


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"Cendrillon", "Casse-Noisette", ou encore "la Belle et la Bête"... Ces célèbres contes, pourtant très stéréotypés, ont bercé notre enfance. L'écrivaine Anne-Fleur Multon a souhaité dépoussiérer ces histoires pour les mettre au goût du jour. Dans son livre "Il était une autre fois", elle propose des personnages queer ! Elle explique comment elle a eu l'idée de ce livre.


Citations et extraits (99) Voir plus Ajouter une citation
« Ce sont les protégées ! Des jeunes femmes qui fuyaient un mariage forcé, ou simplement un monde qui ne les comprend pas. Ici, elles peuvent se consacrer à ce qui les intéresse. »
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On répondait docilement que le masculin l'emportait sur le féminin, il hochait la tête, chacun était emprunt d'Éducation et le Général retournait à son bureau, laissant à sa femme le soin des tout-petits car il avait après tout mieux à faire.
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Je me demande toujours comment ma mère, si brillante et si pragmatique a pu tomber amoureuse de ce mec rêveur et un peu loser qui est devenu mon père adoré.
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Elle savait les milliers de petits poignards dans mon cœur, les blessures invisibles qui me grattaient à l'intérieur. Elle avait d'ailleurs dit à ce sujet qu'elle avait des cicatrices, et moi, des psychatrices. J'avais des psychatrices qui me démangeaient toujours, à l'école.
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Oui dans les chiottes il y a un cadre décroché, un genre de peinture jaune moutarde tu vois
Voilà, avec des photos de toi et de l'autre fille dedans, exactement
Non non ça ne me dérange pas du tout les photos de toi et elle c'est juste
Disons-le comme ça vient
Ça me bloque de chier à hauteur de ton ex
Tu voudrais pas le retourner ?

Allez, vas-y, maintenant tu peux rigoler
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On s'est fait l'amour très vite. On s’est fait l'amour sans s'être jamais vues. On s’est fait l'amour sans s'être jamais senties. On s'est fait l'amour sans jamais avoir pris un verre, été à une expo, à un ciné. On s’est fait l'amour sans goûter nos langues, l'odeur de nos nuques, la sueur peut-être, sans voir le trouble dans les yeux. p. 34
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Je suis désolée j'ai retiré ma main tout à l'heure. Tu sais, moi, je m'en prends plein la gueule toujours - c'est les tatouages, les cheveux rasés, c'est ta main dans la mienne, les teeshirts un peu amples, ils ne supportent pas. Je suis désolée, j'ai retiré ma main tout à l'heure. Je me suis fait abimée, tu vois, j'étais plus jeune [...]. [U]n type m'a coincée. Il y avait du monde dans la rue, je n'étais pas seule.
Le type m'a
démontée
il m'a démonté la gueule à coups de pied
et il disait C'est pas une femme
donc j'ai le droit de taper C'est pas une femme
elle a les cheveux courts. [...]
Je suis désolée, j'ai retiré ma main tout à l'heure parfois, je n'ai pas l'énergie tu comprends.
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Etre raciste, çà voulait dire se croire meilleur que celui qui est différent de nous. Etre raciste avait l'air d'être une maladie assez répandue, qui s'attrapait avec l'ignorance et la peur, et qui avait des symptômes assez moches et nuls.
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On m’avait bien dit que tu étais détestable, mais personne ne m’avait dit que tu étais lâche. Alors comme ça, tu refuses de me recevoir ? Et tu pensais que j’allais rentrer bien docilement chez moi, et te laisser tranquillement te terrer dans ton château ridicule et tes certitudes moyenâgeuses ? Je croyais que tu étais moins bête que ça. Mais j’aurais du savoir que tu n’es pas très malin, sinon tu aurais reconnu depuis longtemps qu’il est idiot d’avoir honte de sa petite-fille juste parce qu’elle est NOIRE.
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Mon père ne rigolait pas. Il n'avait plus du tout sa tête de papa adorable et il m'avait appelée par mon prénom en entier et mon nom de famille.
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