AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.55/5 (sur 40 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Automne est une romancière.

Avant tout insatiable lectrice, ses univers de prédilection tournent autour du fantastique au sens très large, ainsi que l'histoire du Moyen Age.

Avec "La couleur de ses yeux" (05/2020), elle signe un premier roman sur le thème de la mort où elle prend à contre-pied l'image effrayante de la Grande Faucheuse.

"Moi, Cathy" (12/2020), son second roman, offre une approche bien différente du même thème. La mort est omniprésente et pourtant elle n'y est pas matérialisée.

page Facebook : https://www.facebook.com/Automne-Auteure-112629413819171/



Source : amazon
Ajouter des informations
Bibliographie de Automne   (4)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Comment me faire pardonner ? ne cessait-il de marmonner.
Il avait mal agit, il en était conscient. Mais qu'y pouvait-il ?C'est la nature qui était à blâmer, et puis elle aussi, si belle, si innocente. Lui n'y pouvait rien !

La nature la lui avait mise entre les mains, ça n'était pas sans raison. Pourtant, flottait devant ses yeux son petit visage rougi par les pleurs. Elle avait eu mal, elle avait eu peur et pire que tout, elle n'avait pas compris son geste. Elle s'y habituerait, il le savait, mais en attendant, il voulait se faire pardonner.

LA BALLERINE
(L'histoire d'Ismël)
Commenter  J’apprécie          30
Il approcha une seconde table de celle où Louise gisait. Assis entre les deux, sur un petit tabouret, il admira une dernière fois les yeux couleur de braise qui fixaient un point quelque part sur le plafond. Elle dort, jugea-t-il en voyant le torse roussi se lever puis s’abaisser régulièrement. Mort avait préparé tout un tas d’antisèches qu’il avait accroché sur le mur, face à lui. Il contrôla une dernière fois son matériel, prit une grande inspiration et commença l’opération.
Le corps humain s’apparentait au montage d’une maison : l’ossature, le réseau de câbles, les tuyaux, ensuite l’isolation et enfin le papier peint. Les os étaient la partie la plus facile : chacun d’eux avait une forme et une place bien définie. La boîte crânienne était livrée vide et ouverte au sommet afin qu’on puisse y insérer le cerveau le moment venu. Il devrait pour cela ôter toutes les chairs mortes et dénuder la calotte crânienne. L’énucléation demanda réflexion : ôter ses yeux avant ou après son cerveau ? Avant, elle souffrirait et après, elle souffrirait aussi. Choix cornélien…
Mort n’aurait su dire depuis combien de temps elle le fixait du regard. Sûrement aussi impatiente que lui d’en avoir terminé, elle scrutait chacun de ses gestes. Lorsqu’il approcha, une scie à la main, il put y lire la terreur, elle qui lui était entièrement soumise. Déstabilisé, il stoppa net son mouvement et prenant son mouchoir, il le posa tel un linceul sur son visage. Avec une infinie précaution, il découpa l’os sans endommager le précieux organe et déposa le cerveau dans un plat qu’il tendit à Isaac. Entre temps, celui-ci avait préparé toutes ses pinces, son scalpel, son compas et une petite fiole de matière grise.
Le regard du gardien des portes pesait sur les épaules du technicien et il lui fallait beaucoup de concentration pour oublier la divinité et travailler comme il faisait avec n’importe quelle autre âme. Il commença par couper tout ce qui ne pourrait être sauvé. Ne resta plus qu’un morceau gros comme une belle prune.
- C’est plus qu’il n’en faut. J’ai déjà sauvé des âmes à qui il ne restait qu’un morceau pas plus gros qu’une noix, expliqua-t-il fièrement en contemplant le résultat de la première étape.
Le plus difficile restait à faire : recréer dans le nouveau cerveau un emplacement rigoureusement identique au morceau qu’il venait d’extraire et de nettoyer afin que celui-ci s’insère à merveille. Le moindre interstice de vide la projetterait irrémédiablement vers le Noznoor et Isaac n’osait même pas imaginer cette éventualité. Il mesura la pièce sous tous les angles, prit quelques notes, vérifia plusieurs fois et à l’aide d’une cuillère, il se mit à creuser l’endroit exact où le morceau de cerveau se logerait.
- Gardera-t-elle des séquelles de cette opération ? demanda Mort en susurrant les mots.
- C’est possible. Hélas, je ne peux te répondre car chaque âme réagit différemment. Selon mes statistiques, quatre-vingt-cinq pour cent des opérés retrouvent toutes leurs facultés, et trente pour cent de ceux-là gardent tous les souvenirs de leurs existences dans l’autre royaume.
Le cœur de Mort eut un sursaut désagréable. Il n’avait pas pensé qu’elle pourrait se souvenir des êtres qu’elle avait aimés jadis. Cela serait-il une entrave pour leur vie future ? Il demanda à tout hasard s’il était possible d’inhiber à jamais certains souvenirs. Bien sûr, ça n’était pas possible. Il faudra faire avec !
Enfin, les longs et fins doigts dévissèrent le flacon de matière grise. Isaac essora le surplus du pinceau et appliqua une couche de cette colle sur le morceau du cerveau puis sur le support qui devait le recevoir. L’opération était terminée : elle avait pris la semaine entière.
- Ne t’inquiète pas pour l’âme qui l’habite, c’est un peu comme si elle dormait. Tu dois laisser sécher les morceaux quelques heures avant de les manipuler. Veux-tu que j’en profite pour connecter ses globes oculaires ? Elle ne sent encore rien, le moment ne pourrait pas être meilleur. Cela reste une opération délicate… Enfin si tu préfères, j’ai de l’expérience et cela ne prendrait que quelques minutes.
Au point où il en était, Mort le laissa faire, conscient qu’il serait dommage de l’éborgner maintenant que le plus gros du travail était achevé.
- Lorsque tu es venu me passer commande, j’ai complètement oublié de te prévenir sur l’implantation des nerfs/…/, ajouta Isaac mal à l’aise.
/.../
Le dernier organe incéré ne restait plus à Mort qu’à implanter les nerfs. Lorsque ceux-ci seraient bien enracinés, il recouvrirait le tout avec la peau qui lui avait été livrée dans une housse telle une robe précieuse. Il avait d’abord été étonné par la taille de l’enveloppe, pensait qu’Isaac s’était trompé dans sa livraison. Ne voulant prendre aucun risque, il la rapporta lui-même aux Ateliers. On lui expliqua que la peau est élastique et qu’elle s’étirerait suffisamment pour contenir le corps.
- Ton élue ressemblerait à une petite vieille, lui avait lancé Isaac d’un rire nerveux.
S’excusant du dérangement et rageant intérieurement contre sa propre stupidité, Mort s’en retourna achever son œuvre.
- /…/ Lorsque tu auras planté tous les nerfs, il te faudra attendre trois semaines avant de poser la peau. Les racines vont s’insinuer dans les muscles, se connecter au cerveau et le corps reprendra alors vie. Tu devras la coudre dans ce sac, très serré car elle ne doit pas bouger. Imagine bien ces nerfs qui vont ranimer tout son corps. Elle va les sentir se ramifier, un à un et la douleur qu’elle ressentira sera sans comparaison avec l’imaginable. Il faudra te montrer patient et courageux Mort : ce ne sera pas chose facile , l’avait mis en garde Isaac avant de quitter sa demeure.
Après une courte période où rien ne se passa, le corps se cambra, les hurlements qu’elle poussait n’avaient rien d’humain. Jamais personne n’avait ressenti une telle douleur. Les écorchés vifs peut-être et encore : eux au moins savaient que leur supplice prendrait fin rapidement.
Isaac n’avait rien exagéré. Elle sentait les nerfs pousser dans ses muscles à vifs et tout son corps reprenait vie, transformé en une boule de pure douleur. Elle entendait un bourdonnement strident qui n’en finissait pas et partout où son regard se posait, elle ne voyait que des éclairs flamboyants qui brûlaient ses yeux. Ses viscères reprenaient vie. La première chose que son corps voulait, c’était vomir, mais son estomac ne contenait rien. Son cœur menaçait d’exploser, mais elle n’eut pas cette chance. Ses muscles se contractaient si violemment qu’elle arrivait à peine à reprendre son souffle. D’abord confiant, lorsqu’il assista au supplice infernal, Mort commençait à douter.
- Qu’ai-je fait ? se lamentait-il. Est-ce que je dois l’achever et la soulager maintenant ? Non ! Un peu de courage. Isaac a dit trois semaines. En voilà une d’achever, plus que deux et ensuite tout ira mieux.
Assis près du corps fermement maintenu dans une toile translucide, Mort ne fléchit pas ; il aurait été si facile de la laisser seule ici et attendre confortablement chez lui ! Il ne pouvait même pas la toucher et ignorait si elle entendait ses paroles de réconfort.
La peau se manipulait avec précaution : ne pas la déchirer et surtout pas de faux plis en lui enfilant. S’il se trompait, s’il bâclait son travail, Mort serait dans l’obligation de l’écorcher et recommencer, mais la malheureuse avait déjà bien assez souffert comme cela !
Une petite cicatrice, toute blanche, avait été ajoutée sur la fesse gauche et c’est à cet endroit précis qu’il choisit d’insérer la pièce qu’il sortit de son écrin. Un grain de beauté se trouvait sur son sein droit, un autre juste sous l’œil gauche, ressemblait à un petit cœur. Ne restait plus que les cheveux qu’il avait choisis couleur châtain, comme les siens. Brin par brin, il les introduisit sous la peau du crâne, puis les sourcils et les cils qui demandèrent moins de temps et plus d’attention pour ne pas lui crever un œil en manipulant le fin crochet.
Mort pouvait admirer son œuvre. Enfin !
Elle semblait parfaite. Restait encore à savoir si elle se réveillerait car après deux semaines et demie de souffrances intenses, elle n’avait plus manifesté aucun signe de vie.
Le corps inerte fut remonté dans la chambre qu’il lui avait préparée. Mort nettoya quelques résidus de colle blanchâtre, un peu de sang qui coulait encore de la transfusion et la couvrit d’un drap. S’installant dans un fauteuil près du lit, il n’y avait plus qu’à attendre et pour la première fois de son existence, le temps lui parut long.
Commenter  J’apprécie          00
La gare ressemblait à une fourmilière. À travers ses yeux, le grand bâtiment apparaissait comme particulièrement menaçant. Debout au beau milieu du parking tel un pilier inutile, Cathy contemplait la fantaisie d’un architecte : « une croyance envers l’avenir des transports ferroviaires ». Le dôme de verre orné de nombreux vitraux la fixait comme une bête prête à fondre sur sa proie.
- Elle est effffffrayannnnte, susurra une voix à son oreille.
Avec son style old-school trop sage : kilt, chaussettes blanches et chemisier orné d’une cravate à motif jacquard, creepers noires décorées d’une discrète toile d’araignée blanche sur le côté ; la jeune fille plantée derrière elle ne lui était pas inconnue. Si ce n’est que l’une portait de longs cheveux noirs et l’autre une tignasse hirsute couleur poil de carotte, elles auraient pu passer pour des jumelles.
- J’me présente : Cathy. Alors ? Tu pensais que ce serait simple parce que tu es un fantôme. Mais dans notre dimension, le contrôleur c’est ELLE, précisa l’autre Cathy en pointant son index vers le haut bâtiment de briques rouges et de verre. Seuls ceux qui ont péri par elle peuvent franchir ses portes.
Elle avait raison : vivants et spectres se mélangeaient ; ballet incessant de voyageurs. Étrange, ces portes qui réagissaient aux entités immatérielles. Cela semblait si simple, tellement accessible d’entrer et de monter dans un des trains, comme n’importe quel voyageur.
Cathy resta bouche bée en reconnaissant les victimes d’une collision : train vs camion-citerne. L’accident s’était produit l’année dernière, un peu avant Pâques. Toutes les chaînes d’information ne parlèrent que de ça des jours durant ; jusqu’à ce qu’un nouveau morceau de viande, plus juteux encore, attire l’essaim de journalistes ailleurs. On ne sut jamais le fin mot de l’histoire, de qui entre le chauffeur du train, celui du camion ou des techniciens de la SNCF fut tenu pour responsable. Les photos des victimes avaient rempli une double page dans le journal régional pendant une semaine entière. Cathy les avait longuement contemplés, essayant de se faire à l’idée que chaque visage souriant, chaque regard malicieux, avait soudainement disparu. Elle n’avait pas ressenti une once de pitié ou de tristesse, juste de la curiosité, pour ces malheureux.
Sous son regard de mère protectrice, une femme dont la moitié du crâne disparu laissait une partie du cerveau à l’air libre, surveillait quatre bambins courant sur le parking. La barre de fer qui empalait l’un des enfants le gênait dans ses mouvements. Cathy l’entendait crier après ses frères et sœurs de l’attendre. Pour deux autres, leurs vêtements avaient fusionné avec leur peau sous l’effet d’une intense chaleur. Le dernier enfant ne semblait souffrir d’aucune plaie, mais lorsqu’il se retourna, le spectacle devint insoutenable. Le malheureux était coupé en deux dans le sens de la hauteur. De dos, il ressemblait à une planche anatomique mouvante : cerveau, os, viscères, muscles, rien ne manquait. Ce qui provoqua un hoquet de dégoût chez Cathy fut l’estomac ainsi que l’intestin coupé, déversant leurs immondes contenus. Cela ne semblait pas le déranger et le petit garçon continuait à courir avec les autres jusqu’à ce que leur mère les rappelle.
- Allez, les enfants ! Il ne faut surtout pas rater le train. Papy et Mamie vont s’inquiéter s’ils ne nous voient pas arriver.
Papy et Mamie auraient certainement préféré s’inquiéter d’un éventuel retard plutôt que de ne pas les voir arriver du tout. Cathy imagina un couple âgé, attendant désespérément sur le quai d’une gare l’arrivée d’un train qui ne viendrait jamais.
- Tu as déjà essayé d’entrer ? demanda à tout hasard Cathy à sa contrefaçon qui valsait autour d’elle, en fredonnant une comptine.
- Tu plaisantes ! Jamais je ne franchirai sa gueule et puis je n’ai pas envie de partir.
- Tu connais quelqu’un qui a essayé. Tu sais ce qui se passerait si… enfin, si j’osais ?
L’autre Cathy garda un instant le silence, semblant chercher une réponse, un demi-sourire peint sur les lèvres.
- Le grand méchant loup te croquera ! ricana-t-elle en s’éloignant entre les voitures garées.
Cathy l’observa encore un instant. C’était vraiment un drôle de personnage. Elle suivait et parodiait les passants tel un mime. Contrairement à Cathy, cette Cathy-là semblait tout à fait à l’aise avec sa condition de morte.
Son regard se porta à nouveau sur la gueule béante de l’édifice. De quoi avait-elle peur ? Elle était déjà morte, que pouvait-il lui arriver de pire ? Les autres fantômes entraient et sortaient librement, pourquoi ne le pourrait-elle pas ? Elle s’avança au plus près des portes vitrées. La même sensation désagréable lui chatouilla le bout des doigts, insupportable, la mettant en garde de ne pas aller plus loin. Message très clair ! Malgré l’insupportable fourmillement, elle réussit à les effleurer.
À travers les deux grandes vitres coulissantes, Cathy observait le mélange de vivants et de morts, s’ignorant mutuellement ; chacun dans son petit monde. Elle croyait l’avoir abandonné chez elle, et pourtant, l’immonde faciès de Skrik apparaissait et disparaissait au gré des ouvertures de portes. Son identité ? Sa mission ? Deux questions qui la hanteraient encore longtemps.
- Excusez-moi !
Elle tenta d’intercepter un fantôme qui déboula d’un pas rapide comme s’il était en retard pour son rendez-vous. L’homme d’affaires poursuivit son chemin, ne levant même pas les yeux sur elle. Cathy regarda, médusée, le fantôme contourner le parking pour s’engouffrer à nouveau dans la gare, consultant sa montre d’un air agacé.
- Ce sont les fantômes de la gareeeee, chantonnait l’autre Cathy la prenant à nouveau par surprise. Ils vont et viennent, incapables de se détacher de ce lieu qui les a vus mourir. Lui c’est… c’est… c’est machin, dit-elle s’agaçant de ne plus se souvenir de son nom (le savait-elle ?). C’est un vrai con. Il ne parle jamais à personne. Je suis certaine que de son vivant c’était déjà un véritable connard. La mort a le pouvoir de nous faire chier, mais pas de nous changer.
Nouvelle précieuse constatation : quand on naît con, on le reste, même après la mort.
Commenter  J’apprécie          00
Narcissiquement, on voudrait qu'avec notre mort s'arrête de tourner le monde. Pourtant, autour d'elle, les gens continuaient à faire leurs achats, décryptant la composition d'un produit, qu'ils prenaient dans un rayon pour le reposer un peu plus loin. Certaines choses ne changeront décidément jamais !
Commenter  J’apprécie          30
La Grande Faucheuse prit le temps de contempler l’œuvre de destruction qui se déroulait sous ses yeux. Jouissait-elle du spectacle ou méprisait-elle les Hommes qui se substituaient à son pouvoir ? D’un geste lent, elle attrapa la faux coincée entre ses ailes. Ses pas d’abord lents s’accélérèrent à l’approche du champ de bataille. Levant l’instrument très haut, elle se mit à faucher têtes, bras, mains et toutes les vies qui passaient à sa portée. En réalité, elle ne mutilait pas au hasard les figurants. Si elle jouait avec de véritables acteurs, beaucoup n’étaient que des corps vides et programmés. Comme un regroupement de perdrix affolées, des membres, des morceaux de vêtements, d’armures volaient à la ronde, de grandes gerbes de sang éclaboussaient les spectateurs les plus proches, mais ceux-ci semblaient apprécier. Dès que l’un d’eux était souillé, dès que l’un d’eux attrapait une tête ou un pied, il se levait et brandissait son trophée aux grands rires de tous.
Toute la musique qui accompagnait ces tableaux avait été spécialement écrite par Sigurda. Celle-ci avait accompli un travail prodigieux car il lui avait fallu apprendre l’histoire complète de toutes les musiques, tous les instruments utilisés et toutes les modes pour chaque période et chaque lieu où se situait l’action.
Les pièces de tissus les plus légères finirent par retomber, oiseaux morts. Les acteurs se figèrent dans leur dernière posture. Nus, de grandes ailes blanches se déployèrent à l’unisson dans chaque dos. La faucheuse avait transformé tous ces guerriers avides de sang en anges, frères complices et bienveillants.
Louise avait minutieusement réglé ses pas pour terminer pile devant Mort. Agenouillée dans une attitude guerrière, la faux encore levée et menaçante, elle se permit un regard avant que le rideau ne se baisse.
L’aventure se terminait, la leçon venait d’être récitée.
Commenter  J’apprécie          10
Comment se représentait-il l'enfer avant de le découvrir ? Denis n'en avait pas la moindre idée. De confession catholique, il avait passé sa jeunesse à accompagner ses grands-parents à la messe dominicale. Avec l'âge, tout ce cérémonial l'avait barbé et puis il avait d'autres choses plus importantes en tête qu'amour, dévotion et chasteté. Alors si on lui avait un jour demandé de décrire l'enfer, sûrement l'eût-il fait de manière très symbolique : flamme, pécheurs tourmentés par de petits diablotins à la peau rouge et aux pieds cornus, le tout régit par un Satan caricatural.
Commenter  J’apprécie          20
Son seul nom faisait trembler : Guillermo DiGuianti. Il était connu pour être aussi dur de cœur que d’âme, surtout envers le beau sexe qu’il accablait de tous les maux de la terre. DiGuianti avait écrit dans un de ces ouvrages que :

« /…/Dès sa naissance, une âme est conditionnée pour emprunter le chemin de la raison ou celui du vice. En ce qui concerne la femelle, elle n’a qu’un seul choix possible et n’en prendra jamais d’autres. Aussi faut-il se méfier de toutes ces créatures, de la plus jeune à la plus âgée.
Toutes se tourneront pour servir le Malin. Il est du devoir de chaque membre de l’Église, chaque père, chaque frère, chaque époux de se soucier tout particulièrement de l’éducation donnée aux filles. Ils ne doivent en aucun cas laisser cette tâche à une femelle qui n’éduquera sa progéniture que pour servir son seul véritable maître. En va ainsi de la nature de ces créatures perfides. Dès son plus jeune âge, il faut avilir cette âme impure, la jeter à terre et l’écraser sous son pied comme on le ferait avec un vermisseau, lui faire comprendre dès le berceau la véritable nature de son sexe et à quel point sa présence n’est qu’offense et dégoût aux yeux de tous.
Ainsi, si du fait de sa nature, la femelle ne peut, ne pourra jamais suivre la voix de la sagesse comme nous l’a enseigné notre seigneur, au moins le père, le frère, l’époux écartera tout risque d’être, à son tour, séduit et corrompu par elles/…/. »
Commenter  J’apprécie          10
« Et si, pour une fois, la mort avait le plus beau des rôles »
Au royaume de Vazlanoor, Mort, le gardien des portes, est une divinité malheureuse. Il n’a que peu d’estime pour lui-même et souffre de l’image qu’il renvoie aux Hommes : celle d’une cruelle Grande Faucheuse. Il faut dire que son physique n’aide en rien : trop grand, trop imposant enveloppé dans son manteau de veline noire. Il a beau posséder les traits fins et agréables, ceux-ci sont gâchés par de terrifiants yeux noirs.
Un projet fou, ambitieux, irréalisable à première vue lui trotte dans la tête. Comme les autres divinités, il aimerait partager lui aussi son existence éternelle avec une autre âme, mais pas n’importe laquelle : Mort veut un enfant.
Quelque part à Belanoor, le berceau de l’humanité, Louise aux étranges yeux couleur d’automne, attend la délivrance en compagnie de ses sœurs d’infortunes sur le bûcher.
Mort la cueillit, la transforma à l’image de la perfection, mais ce rapprochement n’est pas pour plaire à tout le monde.
Aux côtés de la fillette, le gardien des portes apprendra le sens des émotions : la joie, l’amour, mais aussi la peur et l’impuissance. Mort goûtera à l’amertume des Hommes face à sa propre image et pour que son bonheur auprès de Louise perdure, il devra se battre et affronter un monde d’où l’on ne revient jamais.
Alors ? Serez-vous assez curieux pour entrouvrir la porte qui vous mènera droit au royaume des morts ?
Commenter  J’apprécie          10
À cet instant, il ne restait pas grand chose de la jolie pin-up. Suant à grosses gouttes, haletant et grimaçant sous l'effort, la culotte roulée sur les cuisses et une de ses socquettes disparue ; à ce moment précis on pouvait dire que oui, Lulu se sentait comme un étron que des sphincters tenteraient d'expulser. Cette révélation aussi soudaine que révoltante lui fit monter les larmes aux yeux.

La robe
Commenter  J’apprécie          20
Aujourd'hui, sa vie ne se définissait que de peur, de souffrance et d'obscurité. Enfermée. Non ! Emprisonnée bien malgré elle dans cette pièce étroite ; Manuella avait pour compagnons ses rêves et de temps à autre la visite d'un geôlier qui - sans doute - s'occupait de la nourrir, car chaque fois qu'elle était éveillée, elle ne ressentait pas la faim. Comment faisait-il puisqu'elle ne le voyait jamais ? Comment pouvait-il la nourrir alors qu'elle était endormie ? Mystère. Peut-être lui injectait-il la nourriture en perfusion. Oui, peut-être. Elle savait qu'il se trouvait là. Parfois elle l'entendait parler. Mais ses paroles restaient incompréhensibles, comme s'il s'adressait à elle de très loin ; comme si ses mots se déformaient à travers un mur d'eau. Il ne lui faisait aucun mal. Il la maintenait juste captive, limitant ses mouvements à cette pièce étroite.

L'emmurée vivante
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Automne (24)Voir plus

Quiz Voir plus

Mercy Thompson, tome 2 : Les Liens du Sang

Qui est l'auteur de ce tome?

Kim Harrison
Richelle Mead
Jeanine Frost
Patricia Briggs

10 questions
108 lecteurs ont répondu
Thème : Mercy Thompson, tome 2 : Les liens du sang de Patricia BriggsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..