AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de colka


colka
16 février 2021
Je ne suis pas familière de la littérature japonaise. Aussi ai-je abordé avec curiosité le roman de Akira Yoshimura : le Convoi de l'eau. Une fable assez déroutante pour moi en tout début de lecture par son atmosphère. L'eau sous toutes ses formes, la brume, la mousse, la forêt sont omniprésentes et constituent un décor un peu irréel, souvent oppressant par son caractère inhospitalier : "La vallée était sans cesse noyée sous la pluie ou le brouillard".
Dans cette nature pas toujours bienveillante évoluent des hommes qui n'appartiennent pas aux mêmes mondes. Les premiers, à commencer par le narrateur, sont les représentants de ces technologies avancées qui sont l'apanage de notre civilisation moderne. Ils sont là pour construire un barrage sur la rivière K. Les seconds sont les "habitants du hameau" celui même situé au fond d'une vallée qui constitue "une forme naturelle idéale pour un lac de retenue". Vous l'aurez compris, ce village doit être détruit et ses habitants devront le quitter dès que les autorités chargées de la construction du barrage l'auront décidé. La thématique sous-jacente à cette histoire est donc bien celle liée à la spoliation des droits des peuples autochtones face à une civilisation plus agressive que la leur et qui n'hésite pas à détruire tout ce qui fait obstacle au progrès, au profit et au confort...
Ce qui m'a beaucoup plus dans ce court roman c'est justement le traitement de cette thématique. Pas de condamnation directe, pas de jugement mais un regard, celui du narrateur, derrière lequel on sent la présence de l'auteur. Ce narrateur va, en effet, à la suite des résonances avec son histoire personnelle, être amené à observer avec intérêt ces "habitants du hameau". Et au fur et à mesure qu'avance l'histoire nous allons découvrir avec lui que ce petit groupe de femmes, d'hommes et d'enfants, fait preuve d'une humanité qui force notre respect.
D'abord profondément surpris et décontenancé par leur obstination de fourmis à reconstruire sans se lasser ce qui a été détruit par le dynamitage des rochers surplombant leurs habitations, il va découvrir petit à petit les valeurs qu'ils partagent. L'importance, par exemple, des rituels liés à la mort et qui dégagent à la fois une familiarité et un respect déconcertant pour les défunts et leurs restes. le narrateur va être aussi confondu par le soin et l'intelligence dont ils font preuve dans la gestion de leur environnement à savoir l'eau et la forêt. La cohésion et la solidarité de leur groupe seront également très présents dans l'organisation de leur départ...
Peu à peu et tout comme le narrateur nous passons de l'étonnement à une admiration sans réserve pour ces femmes et ces hommes qui font face à leurs "ennemis" mais sans la moindre agressivité ou précipitation.
La fin du roman est superbe, à la fois par son caractère hallucinatoire mais aussi solennel, onirique et symbolique. D'un symbolisme qui nous parle beaucoup à nous, femmes et hommes du XXIe siècle ! Mais je n'en dirai pas plus...
Je me rends compte en terminant cette chronique combien j'ai été impressionnée par la force de l'évocation de l'auteur face à ces "habitants du hameau". C'est une lecture sélective que j'assume mais qui n'est pas la seule possible;
Commenter  J’apprécie          625



Ont apprécié cette critique (57)voir plus




{* *}