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Critique de Heval


Quand la société est pyramidale, qu'elle s'organise sous formes de classes sociales, elle se structure forcément selon des codes et des normes établis, dans un soucis de pérennité, par la classe dominante; celle qui détient le capital financier donc le pouvoir de définir les règles du jeu. Celles-là sont viciées car elles ne visent qu'à maintenir une supériorité économique, politique et culturelle via un entre-soi savamment orchestré et une reproduction sociale habilement instituée. Dans ce contexte, les dés sont pipés pour le reste de la société qui doit, pour pouvoir atteindre le sommet, se confronter et se conformer à des normes figées qui lui sont extérieures. Les sociologues parlent d'habitus. Façons de faire, d'être, de consommer, de se vêtir, de parler et même de penser... la classe supérieur érige ses façons d'être au monde comme une référence ; déconsidérant celles des autres qui, pour advenir, sont obligés d'abandonner « leur monde ». C'est ce que raconte ce livre qui ne dit rien de nouveau, rien qu'on ne sache déjà. Il confirme seulement ce qu'il se dit depuis des décennies dans le monde de la recherche universitaire, ce que l'on perçoit tous et toutes à nos petites échelles.

Doit-on le dire encore aujourd'hui ? Il n'y a aucun mérite à naître avec une cuillère en or dans la bouche, aucun, car la place dans la société est déjà réservée, il s'agit simplement de bien l'occuper. le mérite revient à toutes celles et ceux qui, en bas de l'échelle, travaillent comme des forcenés pour avoir leur place au sommet. Et l'auteure le dit bien, ceux-là sont toujours considérés comme « illégitimes ». Illégitime parce que venant d'une classe inférieure, illégitime parce que venant d'une minorité ethnique déconsidérée. Nesrine Slaoui est fille d'immigrés pauvres, elle cumule donc les « handicaps » sociaux. Elle est donc « doublement illégitime ». Pourtant, elle n'a pas démérité. Pourtant, elle a beaucoup travaillé, sué. Elle devrait donc être félicitée au terme de son parcours et non découragée. Mais la méritocratie est un leurre, un tissu de mensonge, une illusion servie aux classes inférieures à qui l'on fait croire que le travail paye toujours et bien. Pour ne pas les décourager, au mieux ; pour les rendre responsable de leur situation personnelle, au pire. En France, rappelons-le, ce n'est pas le travail qui paye mais le patrimoine. Plus vous avez de patrimoine, plus vous avancez, peu importe les efforts fournis. Moins vous en avez, plus vous avez de difficultés, peu importe les efforts fournis.

Et la question s'impose. Pourquoi à tout prix parvenir ? Pourquoi vouloir accéder à ce monde? Est-on bien sûre que le bonheur s'y trouve ? Est-on bien sûre que ça en vaille la peine ? Est-on bien sûre que la réussie est celle qui se trouve affichée par la classe dominante ? Est-on bien sûre que « leur monde » est le meilleur ? Est-on bien sûre ? Pour ma part, j'ai depuis longtemps la réponse.

En bref et pour finir, ce livre n'est pas forcément à conseiller à celles et ceux qui connaissent tout sur le sujet.


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