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Critique de kuroineko


Paru tout récemment en poche à L'École des Loisirs, ce titre et sa couverture très réussie ne pouvaient que m'attirer. Ce fut l'occasion de découvrir la prose d'Éric Pessan. Cette première lecture m'amène à la conclusion qu'il y en aura d'autres.

La narratrice, Julie, est une collégienne de troisième presque comme toutes les autres. Elle est ici emportée via un songe très réel jusque dans une forêt de Hokkaido où un petit garçon très turbulent vient d'être abandonné par sa famille dont il regarde la voiture s'éloigner. Par l'entremise de ses rêves, la jeune fille est liée au garçonnet qu'elle s'efforce d'aider et de maintenir en vie. Non sans conséquences pour elle.

Si le roman repose sur des facultés surnaturelles de Julie, c'est pourtant moins le fantastique que les réflexions sur l'empathie, la compassion et la compréhension des autres, proches ou étrangers au cercle familier, qui concentrent l'attention. Julie essaie d'appréhender le monde à hauteur d'adolescence dans une famille unie française. Comme elle l'exprime si justement, "Avec un peu de compassion on peut se mettre à la place de n'importe qui, cela ne nous fait pas ressentir pour autant la profondeur de ses blessures." Ce qui n'empêche pas d'essayer plutôt que juger sans chercher, se refermer.

Roman court mais histoire forte. Histoires même puisqu'Éric Pessan entre dans sa trame d'autres fils qui se tissent et font réfléchir à l'appartenance à l'humanité. Il aborde ainsi plusieurs thèmes en rapport avec notre contemporanéité. Prouesse de réussir à en parler sans paraître non plus trop court, le livre faisant 150 pages. Comme le Petit Poucet semait des cailloux pour ne pas se perdre, Éric Pessan sème les sujets qui lui tiennent visiblement à coeur pour que nous ne nous perdions pas dans cette pléthorique actualité et, surtout, que nous ne perdions pas notre humanité.

Recourant à la narration directe avec Julie, l'auteur rend son récit très vivant et sensible, riche en émotions variées et en réflexions. Son écriture est de surcroît très belle, alliant simplicité et profondeur, phrases courtes qui montrent l'urgence de la situation du petit garçon et paragraphes plus denses où l'action laisse place à l'introspection. Une belle réussite de bout en bout.
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