AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


Je viens de tourner, enfin, la dernière page de ce roman de Ian Manook, et je pousse un gros soupir.
Voilà 10 jours que je peine à le lire, moi qui aies tant aimé jusqu'à présent tout ce que j'ai découvert de cet auteur sous ses différents pseudos.
Comment exprimer de façon objective les sentiments mitigés que m'a inspiré cette histoire ?

Commençons par tout le positif : l'écriture, toujours magnifique, imagée et précise à la fois, hyper documentée (même si comme moi vous n'avez jamais posé un pied en Islande, vous « verrez » parfaitement les glaciers, la mer, les volcans ou encore les quartiers de Reykjavik où se déroule le récit). L'histoire et la géopolitique de ce pays, ainsi que celle du Groenland et du Danemark qui sont intimement liées n'auront presque plus de secrets pour vous. Vous comprendrez également pourquoi les services secrets américains sont très contrariés par le réchauffement climatique plus rapide que prévu, qui fait émerger à l'air libre « Iceworm », cette base militaire secrète abritant des missiles nucléaires, construite dans les années 50-60 dans le cadre de la guerre froide qui opposait les USA à l'Union Soviétique. Honnêtement j'ai appris une foule de choses et j'ai découvert ces pays dont j'ignorais presque tout, n'étant pas très attirée à priori par le froid.

Parce là-bas, quand il fait 10°, on considère que c'est le bon moment pour faire un pique-nique ! Ou pour aller faire un tour dans le « hot-spot » ; et plonger dans le lac glacé d'à côté juste après… Non, pas mon trip tout ça… Mais Ian Manook vous donnerait presque envie, tout comme vous goûteriez presque du kiviak, dont je préfère ne pas vous donner la recette, je n'ai pas envie que vous vomissiez sur votre écran.

Les personnages à présent, que l'auteur sait rendre si vivants qu'on a l'impression de les connaître, et de les comprendre, même parfois les plus ignobles tant leur psychologie est fouillée, et leur âme mise à nu. Et d'abord le pire meilleur flic d'Islande, je veux parler de Kornelius Jacobsson, surnommé le Troll à cause de son physique imposant. Suite à ses actions controversées dans les deux premiers tome de la trilogie qui lui est consacrée (que je n'ai pas lus, mais ce n'est pas gênant), il a été mis à l'écart par sa hiérarchie, mais pour les besoins de l'enquête on lui demande de devenir consultant. Il va donc épauler le jeune inspecteur Ari (et non Harry!), talentueux mais qui a le don d'agacer tout le monde en citant à tout bout de champ des proverbes farfelus inventés par son grand-père . Exemple : « qui aime les oeufs ne mange pas de poule », ou « il n'y a pas plus ridicule qu'un chat qui pète ». le grand-père en ayant pondu plus de sept cents, on va donc en retrouver régulièrement, ce qui donne une touche d'humour à l'histoire.
Une autre enquêtrice marque de sa personnalité attachante, il s'agit de Botty, surnommée Bottyful non seulement à cause de son physique avantageux, mais aussi parce qu'elle n'a pas froid aux yeux. D'ailleurs on la découvre dès le début du roman accrochée par un filin à un hélicoptère au-dessus d'un bateau en pleine tempête, et à elle toute seule elle va maîtriser deux salopards qui s'apprêtaient à balancer le corps d'une jeune fille de 15 ans dans la mer déchaînée.

Qui dit flics dit enquête, et vous en aurez même deux pour le prix d'une. La première, dirigée par Ari et Kornelius, concerne la découverte de trois cadavres pris dans un glacier, suite à l'effondrement d'un paroi dudit glacier. La seconde, chapeautée par Botty, a pour objectif de découvrir les circonstances et le mobile du meurtre d'Anika, la jeune fille évoquée ci-dessus.
Bien entendu les deux vont s'entremêler puisque qu'on y retrouve les mêmes protagonistes, politiciens pourris, intérêts financiers plus que douteux et autres vices pas toujours cachés.

Je n'ai évoqué pour l'instant que les aspects qui m'ont plus, passons maintenant à ce qui m'a fait traîner la patte sur ce roman. Et commençons par le titre et la couverture. Quand j'ai été sélectionnée pour cette MC privilégiée, je n'ai vu que l'auteur, auquel je voue un amour jusque là sans restriction. Je suis donc ravie quand j'apprends que je suis sélectionnée. Et à la réception, je déchire l'emballage, et voilà que ce corbeau me saute à la figure...et que j'apprends la signification du titre (la complainte des corbeaux, une sorte d'invocation qui les attire). Ceux qui me connaissent comprendront sans peine mon désarroi.

Et ces corbeaux, et cette complainte, je vais les retrouver à maintes reprises dans le livre, jusqu'à la fin ! Déjà que je n'étais pas en super-forme, ce n'est pas cette histoire qui aura favorisé un sommeil réparateur . L'histoire n'est pas réjouissante en soi, mais là n'est pas le problème, je suis plutôt amatrice du très noir, tant que ce n'est pas du noir corbeau !

L'autre point qui m'a dérangée, c'est la complexité des intrigues et leurs intrications, ainsi que le nombre de personnages avec leurs noms à l' orthographe et aux sonorités si peu familières à nos yeux et nos oreilles. Je m'y suis un peu perdue, j'avoue, mélangeant les diverses « dottir » (fille de) et « sson « (fils de), tant il y en a. C'est que je ne suis guère habituée à la littérature nordique. Mais Ian Manook est un auteur français, pourtant ! Certes, mais il s'immerge tellement bien dans l'environnement de ses romans qu'on pourrait le croire islandais ici, mais aussi habitant des Appalaches, de l'Alaska ou de la Louisiane dans la trilogie « Hunter », écrite sous le pseudo Roy Braverman. Ou quand il nous conte l'histoire de sa propre famille, on est transporté en Arménie turque dans les années 1915-1920, en plein génocide. En général je suis totalement dans l'ambiance, et je ne décroche pas jusqu'à la fin du bouquin. Mais là, différents éléments ont fait que la magie a moins bien fonctionné.

Je ne mets pas de note pour l'instant, j'ai écrit ce retour trop à chaud pour décider. Je remercie bien évidemment Babelio et Flammarion de m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce roman en avant-première (il vient de sortir).

Ce billet est un peu particulier pour moi, puisque je l'écris après m'être retirée de Babelio. Mais je m'y étais engagée, tout comme pour un autre livre que je m'apprête à commencer et dont j'écrirai un ressenti prochainement. N'y voyez donc pas un retour, même si je n'exclus pas totalement de revenir plus régulièrement...un jour.
J'en profite pour remercier du fond du coeur tous mes amis, ma petite communauté de babelpotes que j'adore et qui m'ont vraiment émue par leur réactions à l'annonce de mon retrait. Les amis, je vous le redis, je vous aime et je n'oublierai pas tous ces bons moments de rigolades et d'émotions partagées autour de nos lectures (mais pas que!), et tous ces délires auquel nous nous sommes livrés, ça a été une expérience merveilleuse.
Commenter  J’apprécie          5536



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}