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Critique de dvall


Il fallait un illustrateur chevronné pour s'attaquer à l'oeuvre éponyme de Cormac McCarthy, prix Pulitzer 2007, dont l'ambiance oppressante, les dialogues parcimonieux et l'empreinte sensible réussissaient à enfanter un monde postapocalyptique aussi convaincant que terrifiant. Tout reposait dans ce roman sur la relation émouvante, sincère et fragile entre un père et son fils, qui ne sont jamais nommés et qui doivent rester en constant mouvement dans un pays ravagé par un cataclysme inconnu. Ils avancent ainsi sur la route, tenaillés par la faim, terrorisés par la menace de groupes violents et cannibales, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites nécessaires à leur survie, recherchant la chaleur en direction du sud.

Manu Larcenet s'était déjà illustré avec l'adaptation en noir et blanc du roman de Philippe Claudel, « le rapport de Brodeck ». Ses dessins en tons binaires, sans dégradés, pouvaient paraître très bruts, mais cela collait bien à l'histoire. L'identité graphique de « La route » est tout aussi sombre mais bien plus belle et recherchée à mon sens. Illustrer le silence, le froid et la peur représente une gageure certaine que l'illustrateur relève avec brio. C'est un monde de cendres et de pluie qu'il parvient à reconstituer dans toute son oppression et sa déstructuration. le trait est nerveux, intriqué, les scories omniprésentes. Les vignettes alternent entre flou brumeux et détails méticuleux. le père et le fils, étiques et éreintés, doivent sans cesse avancer, mais ce monde est statique, figé dans une gangue de mort. Les planches sont le plus souvent monochromes mais l'usage parcimonieux de la couleur, dans un discret nuancier de bleu délavé, d'ocre sale, de jaune passé ou de mauve glacial confère aux pages des ambiances très contrastées. On retrouve la parcimonie des dialogues entre le père et son fils, cette manie linguistique de l'enfant qui accepte les plus abominables vérités et les nécessaires actions par un « alors d'accord ».

Je conclurai en écrivant qu'on ne peut qu'être d'accord avec le fait que cette bande dessinée est une affreuse réussite mettant brillamment en images le roman de McCarthy.
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