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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Ana Magdalena est la mère épanouie de deux enfants à l'aube de l'âge adulte, et l'heureuse épouse depuis plus de vingt ans d'un homme aimant et complice.

Chaque année, le 16 août, Ana Magdalena se rend, seule, sur l'île où est enterrée sa mère, pour y déposer un bouquet de glaïeuls. le rituel est toujours le même : traversée en ferry l'après-midi, même vieux taxi, même hôtel vieillot, même fleuriste vieillissante, même restaurant, retraversée en ferry le lendemain matin.

Mais cette année-là, celle de ses 46 ans, sans l'avoir prémédité le moins du monde, elle passe la nuit avec un homme rencontré dans un bar. Cette aventure – c'est la première fois qu'elle trompe son mari – la troublera jusqu'au 16 août suivant, où elle passera à nouveau la nuit avec un autre homme de hasard. Un autre rituel, autrement plus sensuel que celui de la visite au cimetière, est-il en train de s'instaurer ?

Ce très court roman est un inédit posthume de Gabo, mort en 2014, alors qu'il était affecté depuis plusieurs années de graves troubles de mémoire. A en croire la postface écrite par ses deux fils, il ne voulait pas publier ce texte : « Ce livre ne marche pas. Il n'y a qu'à s'en débarrasser ».

Et de fait, ce roman du Prix Nobel García Márquez n'est pas des plus convaincants. Ce portrait d'une femme mature et adultère, tiraillée entre une promesse de liberté mais pleine d'incertitudes et le confort connu d'une vie conjugale mais moins satisfaisante qu'il n'y paraît, est trop court et manque de consistance. L'aspect psychologique n'est pas assez travaillé, et le dénouement m'a laissée sur ma faim, même si le texte est agréable à lire grâce à sa puissance narrative et au talent de conteur de l'auteur.

Fallait-il trahir la volonté (certes peut-être altérée par la maladie) de l'auteur en publiant ce texte qui tient davantage de l'ébauche que du roman abouti ?

Ses fils se justifient : « En le lisant une fois de plus presque de dix ans après sa mort, nous avons découvert que ce texte possède de nombreuses et délectables qualités. Il n'est, en effet, peut-être pas aussi poli que le sont ses grands livres, présente quelques faiblesses et de petites contradictions, mais rien qui empêche d'apprécier ce qui s'impose dans l'oeuvre de notre père : son inventivité, la poésie de sa langue, sa narration captivante, sa compréhension de l'être humain [...]. En trouvant le texte bien meilleur qu'il ne l'était dans notre souvenir, une autre possibilité s'est offerte à nous : la perte des facultés qui n'avait pas permis à Gabo de le terminer pouvait tout aussi bien l'avoir empêché de l'apprécier à sa juste valeur. Placer le plaisir de la lecture avant les autres considérations était peut-être le trahir. Mais si les lecteurs jugent le livre digne d'estime, Gabo nous accordera peut-être son pardon. C'est ce en quoi nous avons bon espoir ».

Coup éditorial, transmission de l'ultime oeuvre d'un géant des lettres pour le bien de la communauté des lecteurs ? L'un ou l'autre, ou peut-être un peu des deux.

En partenariat avec les Editions Grasset via NetGalley.
#Nousnousverronsenaoût #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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