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Critique de PolarOides


Après le Vietnam (Sympathy For The Devil) et un premier passage dans la police (Chiens de la Nuit), on retrouve Hanson, l'ancien des forces spéciales, le double d'Anderson. Il a obtenu une bourse de littérature, il a même enseigné à la fac… mais le décalage est toujours là, les pieds ici, la tête dans les nuages. Il démissionne pour retrouver la tension, le danger et l'imprévu des patrouilles. Il repart donc à zéro, intègre une école de police où personne ne connaît son passé, puis est affecté dans un quartier d'East Oakland où il doit effectuer une année d'essai pour valider son diplôme.
Après le Nam, il connaissait sa ville, en proie aux émeutes raciales des années 70.
15 ans plus tard, on lui demande d'arpenter une zone géographique immense où il ne peut s'attacher à rien ni personne, brinquebalé dans les résidences, les blocs et les cités dévastées dont les rues ne sont même pas mentionnées sur les plans de la ville.
Sa mission, faire du chiffre, arrêter des junkies qui partent ainsi pour 10 ans de taule parce qu'il manque 5 arrestations à la fin du mois…les consignes, ne pas hésiter à tirer, vous serez couverts.
Hanson est un fêlé qui n'a pas peur de mourir, qui boit comme un trou pour s'oublier dès que le service est fini. Tiraillé entre son devoir et les méthodes qu'il reprouve, vivant dans les souvenir du Vietnam tout en arpentant les rues à la façon d'un Travis, le chauffeur de Taxi Driver. Il s'attache progressivement à quelques habitants qui reconnaissent instinctivement un flic pas comme les autres. Solitaire, courageux, un peu ailleurs, violent.
Il va donc à l'encontre de toutes les consignes, et touche ainsi l'humanité des femmes, enfants, trafiquants à l'espérance de vie de 20 ans, nains défoncés au crack…noirs du ghetto qui vont devenir ses seuls points d'ancrage, alors qu'il plonge dans une réalité dangereuse tout en essayant de s'y fondre, de faire corps avec elle, ne se nourrissant que de tequila et de shakers protéinés, tout en tension, en nerfs et en muscle.
Kent Anderson atteint ici la grâce et l'épure dans une Amérique où les ghettos sont dévastés par la violence et des années de politiques publiques calamiteuses.
Bien sûr, Hanson n'est pas apprécié de sa hiérarchie pas assez docile, trop compétent, toujours un peu distant.
Hanson va-t-il tenir et surtout enfin connaître la paix intérieure ?
Comme vous vous en doutez, j'ai adoré. Anderson a atteint un sommet avec son style précis et sensible ; la description du fonctionnement de la police est effrayant et cela vient d'un écrivain qui n'est pas spécialement classé à gauche.
En 2014, j'avais relevé cette citation après de la photo de couverture de Pas de saison pour l'enfer (recueil de nouvelles et d'inédits édité par 13ème Note Editions) « Regardez ce mec de 24 ans que j'étais alors. Observez ses yeux. Vous voyez ? Il est passé de l'autre coté du miroir et ne pourra plus revenir. Aujourd'hui, je fais semblant d'être revenu, je n'ai pas le choix. En réalité, je vis toujours dans ces yeux-là. Je les habite à volonté, je n'ai qu'à me laisser aller et je me sens bien, comme si j'étais rentré à la maison. »
Green Sun, c'est enfin l'histoire du mec qui essaye de revenir de l'autre côté du miroir.
A lire après les cultissimes Chiens de la Nuit et Sympathy For The Devil.
Lien : http://polaroides.blog.lemon..
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