Comme si de rien n'était

Adèle Moreau est la mère d'un fils un peu étrange, Lucas. Elle forme un couple dysfonctionnel avec Bertrand mais ils s'en sortent tant bien que mal. Jusqu'au jour où Mme Moreau rencontre Hugues Lionel, le professeur de solfège de son fils, à l'académie de musique. Il la reconnait de suite, cette femme, Marie, avec qui il a passé une nuit arrosée, mais elle ne le reconnait pas. Et c'est le début de la fin.
Comme dans tous les livres de cette autrice géniale, c'est l'histoire de gens ordinaires qui se retrouvent dans des situations qui ne le sont pas et qui font tomber les masques jusqu'alors savamment entretenus.
Ici, les personnages principaux - un couple aisé avec un enfant de huit ans, un professeur et son père qui est malade, donnent l'illusion que tout va bien parce qu'ils sont dans un quartier cossu et qu'ils ont plein d'amis ou qu'ils font un travail exigeant. Savent-ils eux-mêmes qui ils sont?
Ce roman est implacable, il ne laisse aucun répit aux personnages qui, coincés dans l'engrenage du jeu social et de leur survie, prennent des décisions incongrues: Personne d'autre que Barbara Abel ne peut décrire le délitement des conventions devant l'avènement des passions et des névroses quotidiennes avec autant de brio. ça fait froid dans le dos - et ça me donne envie de relire Derrière La Haine....
merci aux éditions Récamier Noir et à Babelio de m'avoir proposé cette lecture captivante.