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Critiques de Sarah Crossan (840)
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Inséparables

Je me méfie toujours des quatrièmes de couverture qui nous annoncent que l'histoire que nous allons lire va nous tirer des larmes. J'ai lu beaucoup de ces livres et ces présages ne se sont jamais réalisés. J'ai souvent été émue, touchée, remuée… mais jamais je n'ai pleuré en lisant un livre.

Au dos du roman « Inséparables » de Sarah Crossan, on nous prévient. C'est LE livre qui a bouleversé l'Angleterre.

Soit.



Grace et Tippi, 16 ans, sont deux soeurs siamoises. Attachées l'une à l'autre, se fondant dans l'une et dans l'autre à partir de la hanche. Quatre bras, deux coeurs, puis à un certain moment les intestins se rejoignent, ne faisant plus qu'un. Deux jambes et deux béquilles pour se déplacer. Un seul vagin, chose essentielle à préciser puisque c'est la question que tout le monde se pose.

Grace et Tippi. L'une, cheveux mi-longs, est réservée, raisonnable ; l'autre, cheveux courts, est plus "rentre dedans", intrépide. Elles sont siamoises mais ce sont deux individus à part entière, avec leur caractère propre.

Elles vivent dans la banlieue de New York. Un père au chômage, une mère dans la banque. Des parents qui depuis la naissance de leurs filles consacrent leur vie et leurs économies à leur santé et à leur bonheur. Il y a aussi Dragon, leur soeur cadette. Petite danseuse étoile, celle qui rêve un jour de danser avec Noureev, même s'il est mort. Celle qui s'efface de bon gré derrière ses soeurs. Et enfin il y a Grammy, la mère de leur père. Toujours d'attaque, prête à soutenir tout le monde.

Eux tous forment l'univers de Grace et Tippi, avec aussi les médecins et les psychologues que les filles voient régulièrement.

Mais un jour, l'argent manque. Grace et Tippi ne peuvent plus suivre les cours à la maison et doivent se rendre dans un lycée pour la première fois de leur vie. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à elle, plein de risques et de dangers mais aussi de belles rencontres. C'est l'occasion pour les deux soeurs de se poser certaines questions qu'elles occultaient jusque-là.



J'ai lu « Inséparables » et j'ai compris. Loin d'une histoire larmoyante et voyeuriste, c'est une histoire d'amour incroyable. Celle de deux soeurs tout d'abord. Celle d'une famille ensuite. C'est enfin un formidable appel à la tolérance. Différentes, et alors ?



C'est une histoire qui nous ouvre les yeux sur cette pathologie méconnue et souvent considérée comme une monstruosité alors que les personnes siamoises ne perçoivent pas leur propre existence comme une tragédie. Bien au contraire. A travers la narration de Grace, nous suivons les sentiments, doutes et désirs des deux soeurs. Etre siamoises n'est pas vraiment le problème. Ce sont les risques liés à leur pathologie qui bouleversent leur vie.



C'est aussi une histoire ancrée dans la réalité. Les parents ne sont pas ici dépeints comme des super héros qui trouvent des solutions à tout. Eux aussi craquent, eux aussi ont peur : pour la vie de leurs filles, pour l'argent qui manque, pour cette autre fille qui a le droit de mener une vie normale… Et c'est avant tout ce réalisme qui donne toute la force de ce roman. le style en vers libres de l'auteur ajoute bien sûr à toute cette empathie que le lecteur ne peut que ressentir vis-à-vis des personnages.



Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux cœurs pour un seul, énorme. Deux individualités qui ne peuvent se séparer. Je ne suis pas prête de les oublier.



J'ai lu « Inséparables » et je n'ai pas pleuré. Mais on n'en était pas loin…

Poétique et bouleversant.

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Inséparables

Alors qu'elles ont toujours eu l'éducation à la maison, leurs parents ont décidé que, pour leur rentrée en première, elles iront au lycée. Une nouvelle que Grace accepte en hochant la tête tandis que sa sœur, Tippi, crie, pense à une très mauvaise blague et se dispute même avec eux. Mais avec leur père toujours en recherche d'un travail, il leur devient maintenant difficile d'assumer les frais d'hôpitaux, les vêtements spéciaux, le tuteur, le psy… Les deux sœurs seront scolarisées dans une école privée, Hornbeacon High. Pas comme leur petite sœur, Nicole, surnommée Dragon, qui fréquente l'école publique. Pour autant, les sœurs craignent les remarques, les regards en coin ou de pitié, les questions incessantes… Parce que, être sœurs siamoises, avec deux têtes, deux cœurs, deux poumons et ne faire plus qu'une à partir de l'abdomen, ce n'est pas le genre de personnes que les gens rencontrent tous les jours. Malgré leur appréhension, Grace et Tippi vont très vite se faire deux amis, Yasmeen et Jon…



Grace et Tippi sont différentes, pas tout à fait « normales », inséparables inévitablement, et heureuses le plus souvent. Bien entourées de leur famille mais aussi de médecins qui les surveillent régulièrement, les deux sœurs vont, à 16 ans, devoir affronter le lycée et les autres de leur âge. Grace, la narratrice, dévoile, avec une profonde sensibilité, ses émotions et sentiments, leur quotidien parfois difficile, leurs rapports aux autres, leurs amitiés nouvelles et son amour naissant mais aussi tout ce qu'elles doivent supporter, les risques qu'elles endurent à vivre ainsi et surtout leur amour qui les unit. Si elles sont siamoises, les deux sœurs sont pourtant bien différentes, chacune avec leur propre personnalité et caractère. Empreint d'humanité, de tendresse, de tolérance et d'acceptation, ce roman nous laisse entrevoir ce que peut être le fait d'être sœurs siamoises, Sarah Crossan s'étant basé, pour les descriptions de la vie de Grace et de Tippi, sur un mélange d'histoires réelles de personnes siamoises. Et ce qui émane de ce roman est bien l'amour qui unit les sœurs et l'impensable idée d'être séparées. Émouvant, ce récit, original aussi bien de par son sujet que par sa forme, se révèle percutant et d'une force incroyable, porté par une plume, ciselée, poétique, incisive.

Un roman lumineux et émouvant...

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Inséparables

****

Inséparables est le roman de jumelles fusionnées, de sœurs unies et d'une vision du monde qui nous est inconnue.

De la passion de leur parent pour Alfred Hitchcock, elles héritent des prénoms de deux stars de cinéma : Grâce et Tippi. Elles vivent proche de New York, entourée de leur famille, mais par manque d'argent, elles sont contraintes d'abandonner les cours à domicile pour intégrer une école privée. Malgré la crainte du regard des autres, elles affrontent le monde avec humour et tolérance. Elles vont même se faire deux amis, leur accorder leur confiance et offrir à tous leur puissante envie de vivre...

Inséparables est un magnifique roman... Original par sa forme, il est écrit en vers, il est surtout touchant par son histoire. Les généreuses sœurs siamoises nous font cadeaux de leur amour, de leur lien plus fort que tout et de nous faire partager leur monde. Même si elles clament haut et fort qu'elles sont deux, le nous l'emporte lorsqu'elles devront affronter les difficultés. Ce que nous imaginons comme une catastrophe, vivre ainsi fusionner à sa sœur, est pour elles une force et une chance. Elles ne sont pas un monstre, elles ne sont pas étranges mais elles ne sont pas uniques non plus. Elles n'aspirent qu'à vivre simplement et normalement... A lire !!!
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La loi du dôme

Ce qui frappe de prime abord dans La Loi du Dôme, c'est son titre.

J'suis pas super fortiche généralement au jeu du copié/collé mais la ressemblance entre ce bouquin et celui du King est à s'y méprendre.

Comment ? le Dôme du King était anxiogène alors que celui-ci est salvateur.

Ah booon, d'accooord, au temps pour moi. L'espace d'une micro-journée, j'avais presque envisagé un triste plagiat éhonté.

Les dissemblances étant désormais avérées, attachons-nous prestement au contenu.

Ça pique un peu les yeux quand même.



Pouf, pouf, je recommence.

La terre a mal.

- Aïe, j'ai mal!

L'air s'est raréfié.

Des millions de morts au compteur.

Les survivants ne doivent leur salut qu'à ce Dôme qui n'est pas sans rappeler celui...



Sous CE dôme, donc, la populace échappe à une mort certaine puisque respirant presque tout son soûl grâce à la bienveillante et toute puissante Société Respirer Inc.

Si l'oxygène perdure de ce côté, difficile d'en dire autant niveau démocratie.

Alors que les Premiums constituent l'élite, mais le degré zéro de la compassion, tout en bas, les Auxiliaires subsistent à grands coups d'atmosphère appauvri.

Deux castes diamétralement opposées.

Un postulat que pourrait bien faire sauter la résistance qui, intra et extra-muros, s'organise.



Crossan surfe sur la vague verte avec ce Dôme et son message écolo existentiel.

Le tout tient plutôt la route malgré un vilain a priori de départ.



Le contexte est habile.

L'auteur, à grands coups de rebondissements bien sentis, prémices d'un twist final ravageur introduisant sur un plateau d'argent le deuxième opus, aura su développer un univers qui lui est propre et le faire exister sans référentiel parasitaire. Oublié le King, Crossan est née.



Autre point fort avéré, la coexistence et l'alliance de ces tous jeunes Che en herbe issus de contextes sociaux antagonistes. Si quelques amourettes désabusées viendront ça et là troubler le récit, ne perdons pas de vue le public visé, elles n'entacheront en rien l'intérêt croissant du lecteur pour ce groupuscule hétéroclite avide d'insurrection. le changement, c'est maintenant ! Tiens, ça me rappelle quelqu'un..



Comme dystopie young adult qui partait de très loin, La Loi du Dôme se pose là.

Forte de son récit original et dynamique, elle devrait ravir petits et grands, allant même jusqu'à pousser le lecteur que je suis à vouloir poursuivre l'aventure, allez savoir...



Merci à Babelio et aux éditions Bayard pour cette divertissante bouffée d'oxygène.
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Inséparables

Grace et Tippi sont sœurs siamoises, toutes deux reliées au niveau de l’abdomen jusqu’aux pieds. Depuis toujours scolarisées à domicile, les deux jeunes adolescentes de 16 ans vont devoir, par un concours de circonstances et pour la première fois de leur vie, se rendre dans un établissement public et se confronter aux durs regards des autres adolescents. Très rapidement, elles arriveront cependant à créer un lien fort d’amitié avec Jon et Yasmeen. Cependant, Grace tombera vite sous le charme un peu rebelle de Jon.



Le roman est raconté du point de vue de Grace, on y découvre à travers son regard son quotidien, celui de sa sœur et de toute la famille. Le texte est écrit en vers libres ce qui peut dérouter par moments mais qui nous permet d’avoir un texte particulièrement aéré d’autant plus que les chapitres ne dépassent pas les trois pages. Inséparables est le premier roman que je lis en vers libre et j’avoue ressortir plutôt mitigée de cette expérience. Je n’ai pas plus été touché et je n’y ai pas vu forcément de l’intérêt mais je pense que cela ait dû à un manque de connaissances sur le sujet de ma part dans le sens où je n’ai pas vu de sens particulier.



Bien que le roman Inséparables traite de sujet plutôt dramatique (la maladie, la dureté des soins médicaux, le regard des autres, l’alcoolisme…), j’avoue être ressortie de ma lecture plutôt mitigée et je pense être malheureusement complètement passée à côté. Les personnages du fait de leur manque de personnalité et de profondeur ne m’ont pas touché, l’histoire d’amour est beaucoup trop rapide et manque terriblement de crédibilité et la maladie des deux sœurs n’est pas assez décrite pour ma part. Le choix de l’auteure de nous proposer que le point de vue de Grace m’a également beaucoup frustré, on aimera en savoir plus, connaitre plus la famille, leurs ressentis, comprendre plus profondément la maladie peut être avec l’intervention d’un médecin dans le récit…Tout reste en surface, l’idée de départ du roman et son originalité (je n’ai pas croisé d’autres romans jeunesse traitant de ce sujet) est extrêmement intéressante mais l’auteure n’a pas su, pour moi, relever le défi. Je suis restée complètement externe au récit, dommage.
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Swimming Pool

*****



Je tiens avant tout à remercier Babelio et les éditions Rageot pour l'envoi de ce roman...



Il n'est déjà pas facile d'être adolescent, avec tout ce que cette période regorge de questions et de malaises, mais quand en plus vous êtes immigrée polonaise, tout se complique... Kasienka a douze ans, bientôt treize, et quand elle atterrit en Angleterre avec sa mère, tout est nouveau : la langue, le collège, ceux qui l'entoure, le studio dans lequel elle vit... Et sa mère qui part chaque soir à la recherche de son père, qui les a quitté plusieurs mois auparavant. Mais Kasienka est forte, elle se bat pour garder la tête haute et surtout elle nage...



J'adore, j'adore, j'adore !!! L'écriture en vers libres de Sarah Crossan tape une fois encore dans le mille. La lecture est rythmée, mais les mots tout en douceur, viennent nous cueillir d'une tendresse particulière. Kasienka est une jeune fille pour qui on s'attache tout de suite, si fragile et si forte à la fois. Sarah Crossan touche avec pudeur les troubles de l'adolescence, tout ce que cet âge a de plus dur mais aussi de plus innocent. Des moqueries au premier baiser, tout dans cette histoire est beau, tendre et touchant.



Si vous ne connaissez pas la plume de cette auteur de talent, courrez vite découvrir ce petit supplément d'âme qu'elle nous offre dans ses romans...
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Moon brothers

Je remercie chaleureusement Rageot Editeur pour l'envoi, en avant première et via net galley, du roman pour adolescents : Moon brothers de Sarah Crossan. Ayant beaucoup aimé Inséparables, de cette romancière, c'est avec plaisir que je me suis plongé dans cette lecture.

Nous découvrons Joe Moon, un jeune garçon de 17 ans. Il vient de quitter New York pour aller vivre un temps au Texas.

Son frère aîné, Ed, est en prison là-bas. Jugé coupable du meurtre d’un policier, il attend son exécution dans le couloir de la mort. Or, la date approche...

Alors Joe veut être là, aider son frère à affronter ces dernières semaines. Car sinon, Ed sera tout seul...

Mais voilà qu'un nouvel avocat reprend la défense du condamné... et il a l'air d'y croire. Joe osera-t-il espérer encore ?

Moon brothers est un magnifique roman, pour tous, pas que pour les adolescents. L'autrice traite d'un sujet grave : la peine de mort et ses dérives. L'écriture est originale, car entièrement en vers libres.

Ce roman est très touchant, et nous permet de découvrir non pas le point de vue de la famille des victimes mais le point de vue des proches des personnes reconnues coupables. J'ai trouvé ce point de vue très intéressant et très bien traité.

Joe était un enfant quand il a appris que son frère avait tué un homme. Dix ans ont passé, Joe a 17 ans et il apprend que son frère va être exécuté. Car dans cet état des Etats-Unis où Ed a tué un homme, la peine de mort est toujours appliquée. Un nouvel espoir arrive, avec un nouvel avocat... toutefois la date fatale approche... Alors Joe veut être là pour lui, en cas où Ed ne serait pas gracié..

J'ai beaucoup aimé le personnage de Joe, que j'ai trouvé hyper touchant. Oui son frère est condamné pour avoir tué un homme, toutefois Ed reste son frère et il l'aime, malgré tout. C'est difficile à lire, car mine de rien on s'identifie plus facilement aux proches des victimes qu'aux proches des accusés.

L'autrice a su me captiver avec son écriture originale, ses personnages dont le personnalité est assez fouillée, et avec une histoire qui tient la route de la première à la dernière page.

Vous l'aurez compris, j'ai apprécié ma lecture et je mets avec plaisir quatre étoiles et demie.
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Moon brothers

Tout d'abord, merci à ma bibliothécaire, qui me voyant toute dépitée de ne pas pouvoir récupérer mes nombreuses réservations, m'a gentiment procuré quelques nouveautés "jeunesse", dont celle-ci.

Je venais de terminer "Signé poète X", un roman slammé, et du coup ma première réaction en découvrant celui-ci a été : ah, encore un livre en en vers libre..., un, c'est bien, deux, je vais saturer !

Mais au bout de quelques pages, j'ai été prise par ce rythme qui s'accorde parfaitement au récit.

Le narrateur, Joe, nous emporte au fil de l'histoire de sa famille, une histoire aux accents tragiques, ponctuée d'abandons : le père, inexistant, la mère qui un jour a pris un bus pour ne plus revenir, la tante Karen qui en a eu assez de s'occuper des enfants de sa soeur, et Ed, le grand frère que Joe n'a pas revu depuis 10 ans. Il ne reste plus qu'Angela, la soeur aînée, qui travaille dur pour pourvoir à leurs besoins.

Joe a 7 ans quand Ed s'en va vivre sa vie. Mais celle-ci tourne court quand il se fait arrêter pour le meurtre d'un policier, le crime le plus grave existant aux Etats-Unis, en plus un policier blanc, et au Texas...(c'est pas comme si étant policier blanc il avait tué un noir dans le Minnesota). Ed est incarcéré dans le couloir de la mort de Wakeling, que les gens du cru appellent par dérision "le domaine". Ceux qui vivent là n'y sont généralement pas par plaisir : soit ils ont un proche dans les geôles du Domaine, soit ils y travaillent, ou alors ils vivent du passage des visiteurs des prisonniers.

L'exécution d'Ed se rapproche, Joe décide d'aller passer les quelques semaines qui reste au plus près de ce grand frère qui lui manque tant, et qu'il pense incapable de tuer même un animal. Il loue un logement vétuste et trouve un semblant d'emploi auprès du propriétaire d'un "diner" local.

Il nous raconte avec ses mots simples et poétiques à la fois son passé, avec puis sans son frère, et son présent rythmé par les visites quotidiennes à la prison et les moments passés avec Nell, rencontrée à Wakeling.

Des moments très émouvants, j'ai eu la larme à l'oeil l'une ou l'autre fois, mais pas de pathos non plus. On ressent bien les émotions de Joe, qui balance entre ressentiment (toute sa famille l'a laissé tombé, à part Angela) et espoir que son frère bénéficie d'une grâce avant l'échéance fatale.

Le tout se lit facilement, une fois habitué au phrasé du récit. Ce n'est pas un roman d'action, il ne se passe pas grand-chose, tout est dans les rapports entre les différents personnages, des gens simples qui ne maîtrisent pas les codes judiciaires et se sentent impuissants devant la sentence, alors que la culpabilité d'Ed n'a pas vraiment fait l'objet d'une enquête très fouillée...



Ce roman peut être lu par des jeunes à partir de 14 ans, et sera l'occasion de débattre avec eux de la peine de mort, abolie en France depuis 1981, mais toujours en vigueur dans certains états américains...
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Inséparables

Après avoir vu de beaux articles sur la blogosphère, notamment chez les blogueuses La tête dans les livres, Marion Reading Books, L’ours bibliophile et Book Ouioui, j’ai eu envie de découvrir ce titre. Je reconnais que le sujet est très peu abordé dans la littérature ou de façon générale. Pour ma part, je n’ai vu cette thématique que dans le film « Deux en un » avec Matt Damon et Greg Kinnear. J’étais donc très touchée par le fait que l’auteure propose de mettre en avant deux sœurs siamoises. Avec tendresse, sincérité et réalisme, elle met l’accent sur le regard des autres et sur celui de la famille. Durant ma lecture, je me suis moi-même demandé comment je réagirais si je voyais ce joli tandem la première fois… Et, en toute honnêteté, j’ignore si je serais aussi naturelle que Yasmeen, l’une des amies de Grace et Tippi…



Ce livre va provoquer un arc-en-ciel d’émotions chez le lecteur, notamment avec son dernier tiers très émouvant… J’ai grandement aimé être aux côtés de Grace, qui va réellement nous faire découvrir ses pensées les plus intimes, ses doutes, ses douleurs et ses espoirs. En effet, cela ne sera pas facile pour elle qui, comme toute adolescente à un moment ou un autre, va tomber amoureuse… Comment faire face à ces sentiments naissants ? Comment le beau Jon va-t-il réagir avec elle et sa sœur qui ne peut malheureusement pas les laisser seuls ? Peut-on vivre pleinement sa vie dans un seul corps ? On a là des moments forts en émotions qui ne peuvent laisser quiconque indifférent. Cela dit, j’ai ressenti un certain manque avec cette lecture. En effet, j’aurais souhaité que l’on donne la parole à Tippi ou que l’on montre davantage leur relation. Certes, c’est suggéré et certains dialogues montrent leurs liens toutefois, j’ai eu la sensation que l’auteure aurait pu approfondir certaines choses. J’avais également quelques attentes concernant Nicole, alias « Dragon », la sœur de Tippi et Grace. Celle-ci fait tout son possible pour aider sa famille, mais aussi pour être quelqu’un. En effet, elle a l’impression d’être la sœur des deux siamoises et non une personne entière. Bien qu’on la voit peu, j’ai trouvé son personnage très touchant. J’aurais donc souhaité que l’on développe davantage dans ce sens. Il en va de même pour la famille des deux héroïnes. On a beaucoup d’éléments et on voit à quel point la situation ronge le couple, puisque la mère travaille non-stop et le père sombre dans l’alcool. Chacun a sa façon de faire face à la situation. Néanmoins, j’aurais voulu que l’on creuse davantage les choses… Ceci dit, cela aurait été difficile, puisque l’auteure a choisi de donner uniquement la parole à Grace. Un choix compréhensible, mais non sans conséquences.



Le style de Sarah Crossan est très agréable à suivre. Il est simple, poétique, émouvant et facile à suivre. L’idée de journal intime que l’on découvre au fil des mois m’a plu. D’ailleurs, le texte est très aéré : on va souvent à la ligne, même si ce n’est que pour un mot. On est vraiment dans l’émotion et cela se ressent grâce à la mise en page. J’ai été touchée par tous les protagonistes, qu’ils soient principaux ou secondaires. « Inséparables » n’a pas été un coup de cœur cependant, il s’agit d’un roman qui m’a émue. Je comprends aisément le succès de ce livre qui pousse à la réflexion et à la tolérance.
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Swimming Pool

Lorsque Babelio m’a proposé de découvrir « Swimming Pool » de Sarah Crossan, j’ai accepté sans hésiter, car il s’agit de l’auteure d' »Inséparables« , un roman abordant un sujet inhabituel avec beaucoup de sensibilité que j’avais aimé. Cette fois-ci, il n’est pas question de sœurs siamoises, mais l’émotion est bien présente dans ce nouveau roman et le procédé narratif est le même : on est sur du vers libre. Je ne suis pas forcément fan de ce format cependant, c’est encore une fois très bien passé. J’ai trouvé que cela apportait énormément de douceur et de poids aux mots. On a l’impression d’être face à un récit mis sous forme de poème. De plus, les chapitres ont tous un titre qui décrit à merveille l’atmosphère et font systématiquement une ou deux pages. De ce fait, on progresse avec aisance et on tourne les pages avec plaisir, portés par cette plume onirique et pleine de sentiments.



Une fois encore, on est sur une histoire abordant des thématiques difficiles et d’actualité. Ici, il s’agit principalement de l’immigration, l’exil et de l’intégration. En effet, Kasienka, une jeune polonaise de douze ans, va arriver en Angleterre avec sa mère en espérant retrouver son père… Pendant que la mère trouve un travail dans un hôpital, Kasienka va narrer ses journées au lycée. Cela commence assez mal puisque la directrice va d’abord se baser sur son niveau d’anglais et va la mettre dans une classe avec des élèves plus jeunes où elle va principalement s’ennuyer, car elle a un très bon niveau général. C’est surtout pendant les cours qu’elle va faire la rencontre de Clair, une jeune fille populaire et hargneuse qui ne supporte pas la concurrence. Pleine de méchanceté, Clair va commencer par se moquer de cette « polak » qui, avec aux cheveux courts, ressemble à une homosexuelle. Tout est prétexte à être critiqué : la tenue de la jeune fille, sa façon d’être, … Les brutalités iront loin et la jeune héroïne préférera prendre sur elle plutôt que de dire les choses et d’envenimer la situation où elle passe déjà pour une « étrangère » aux yeux des autres. Autant, j’ai aimé le fait que Kasienka garde la tête haute, soit franche, courageuse, pleine d’honneur et sache finalement s’extirper de cette situation, autant je ne sais pas si tous les jeunes lecteurs pouvant se trouver dans la même situation pourront agir ainsi… Quoi qu’il en soit, j’ai apprécié le fait que l’auteure aborde les thématiques de l’intégration, de la tolérance, du harcèlement et des préjugés. C’est important d’en parler en littérature jeunesse…



D’autres thèmes comme le quotidien, l’adolescence, la recherche de soi (de son identité et de sa place), la famille et l’amour en général seront abordés de façon délicate et pertinente. On nous présente la vie telle qu’elle est : avec des hauts et des bas, des rencontres qui changent notre vie, des revirements de situation que l’on n’attend pas, des secrets que l’on découvre un jour, … Des petites touches d’Amour saupoudrent le récit : de l’amour familial avec l’héroïne et sa mère qui s’acharne à trouver son époux disparu, de l’amour avec des amis qui deviennent une vraie famille comme l’adorable Kanoro (un voisin noir qui m’a beaucoup émue) et de l’amour explosif avec le beau William, un quatrième avec qui elle va faire partie de l’équipe de natation… On a là de très beaux messages, à la fois simples, doux et justes.



Par contre, contrairement à ce que je croyais, la natation n’est qu’un prétexte ou un fil rouge dans le récit. Cela aurait pu être n’importe quelle autre activité… Bien que ce sport possède une valeur particulière entre la petite polonaise et son père, j’ai trouvé que les scènes à la piscine étaient trop peu nombreuses et auraient pu être un peu plus exploitées ; surtout en raison du titre du roman ! J’ai également pour regret le fait que l’ouvrage possède un goût d’inachevé. La fin est plus ou moins ouverte. On a beaucoup de réponses ainsi que des événements qui se terminent néanmoins, c’est au lecteur d’imaginer certaines choses. Je n’aurais pas refusé quelques pages supplémentaires… Parce qu’au fond, on se sentait comme un poisson dans l’eau aux côtés de Kasienka… On aurait voulu la suivre davantage !



Malgré ces petits défauts, j’ai vraiment adoré ma lecture. Les thématiques, la façon dont Kasienka voit les choses, les personnages, le système de vers libres et l’ambiance du récit m’ont beaucoup plu. C’est un roman pour ados à la fois joli, poétique, lyrique, réaliste et touchant. Si vous avez aimé « Inséparables« , il est bien possible que cet ouvrage vous plaise tout autant ! Si vous ne connaissez pas encore Sarah Crossan, je vous conseille de découvrir sa plume très délicate. Un grand merci à Babelio et aux éditions Rageot pour cette plongée pleine d’émotions.
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Toffee et moi

Alisson, 16 ans, a reçu le coup de trop. Battue par son père depuis des années elle finit par s’enfuir de la maison. Seule, sans savoir où aller, elle se réfugie dans un jardin. C’est ainsi qu’elle fait connaissance avec Marla, une vieille dame qui souffre de troubles de la mémoire. Marla, perdue dans ses souvenirs, croit reconnaître en Alisson son amie Toffee. Malgré les années qui les séparent, les deux femmes vont trouver l’une en l’autre un réconfort et une compréhension qu’elles ne trouvent nulle part ailleurs.



Sarah Crossan m’avait bouleversée avec son roman « Inséparables ». Avec « Toffee et moi », nous retrouvons une nouvelle fois encore une histoire où perle l’émotion dans de courts chapitres toujours écrits en vers libres. La prose est belle, tout comme l’histoire. La poésie se décline dans un style sans ambages et ce sont parfois les mots de tous les jours qui sont les plus beaux.

Le duo Alisson/Marla fonctionne à la perfection. Nous découvrons progressivement l’histoire de Marla à travers ses souvenirs qui envahissent sa réalité et celle d’Alisson au gré de flash back. De plus en plus complices, les deux femmes s’apprivoisent et se comprennent, conscientes toutes les deux des souffrances de l’autre. Et si le récit donne parfois une vision assez désespérée des rapports humains - violence domestique, indifférence, relations toxiques - la gaieté loufoque de Marla et la gentillesse d’Alisson nous font reprendre espoir. Comme quoi, il suffit parfois de faire les bonnes rencontres.



Un roman de littérature ado extrêmement touchant, mettant en avant les violences faites aux femmes sous toutes ses formes et la précarité matérielle et psychique dans laquelle les personnages âgées sont parfois abandonnées. Une histoire qui se lit d’une traite.
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Moon brothers

"Moon Brothers" est le deuxième livre de Sarah Crossan que je découvre. En effet, j'ai lu il y a quelques mois "Inséparables", qui avait un été un imeeeeeense coup de cœur. Alors quand j'ai vu Moon Brothers à la bibliothèque, je me suis dit... go !



Nous découvrons ici Joe Moon, dix-sept ans, qui part vivre pour un temps au Texas où son frère ainé, Ed, y est en prison. Jugé coupable du meurtre d'un policier, sa date d'exécution approche...

Joe veut donc être là pour soutenir son frère, l'aider à affronter ces dernières semaines...



Les œuvres de Sarah Crossan sont incroyablement originales, puisque écrites en vers libres. Cela ajoute une touche de poésie que j'aime énormément ! Le récit est fluide, on vit l'histoire avec Joe sans s'ennuyer une seule seconde.



Bref, j'ai passé un très agréable moment sur ce livre touchant abordant un sujet assez rare dans les livres jeunesse/young adult mais grave et difficile, celui de la peine de mort...

Je suis loin d'avoir aimé autant qu'"Inséparables", mais ça reste une belle découverte !
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Inséparables

Grace et Tipi sont deux soeurs siamoises, au début de ce récit très singulier écrit en vers, il est question pour ces deux jeunes filles de continuer leur avenir en allant au lycée pour la première fois.



Grace et Tipi ont beaucoup d'appréhension à ce sujet, mais leur rencontre avec Yasmeen va les rassurer, celle-ci étant elle même atypique et se moquant du qu'en dira-t-on



Grace et Tipi vont ainsi découvrir l'amitié et puis également l'amour, elles n'ont jamais été confrontées auparavant à de nouvelles personnes, restant à faire l'école à domicile.



J'ai cependant été déçue de cette lecture trouvant que cela restait beaucoup trop en surface au niveau du thème abordée, j'ai trouvé que le récit manque de corps et celui-ci se lit très vite les pages étant vides à moitié.



Un thème qui mériterait d'être plus approfondi et je n'ai pas ressenti non plus une grande empathie pour les personnages. Malgré tout cela se lit bien en une soirée.

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Swimming Pool

Kasienka est polonaise, elle est venue en Angleterre avec sa mère pour retrouver son père. Elle découvre un pays, une école, des filles, des garçons... Pas évident de s'intégrer, heureusement il y a William...

Un beau roman jeunesse sur la différence, le harcèlement, l'immigration pour aussi la relation mère-fille et les premières amours. J'aime l'écriture de Sarah Crossan en vers, il en ressort une douceur entre les différents moments surtout ceux de la piscine. Clémentine Beauvais a réussi le pari de traduire ses vers et d'en garder le sens. Une auteur qui sait trouver les bons mots pour parler de thèmes difficiles.

(Lu en août 2020)
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Inséparables

Honnêtement... Je ne m'attendais pas à ça.



Au delà du fait que la quatrième de couverture nous parle du fait d'être amoureux, Inséparables est bien plus que ça. C'est le récit de deux sœurs siamoises, Grace et Tippi. Un récit rempli de douceur écrit d'une façon très particulière. Le fait que ce soit rédigé en vers comme dans un poème était quelque chose que je n'avais jamais vu dans un roman.

Le texte est magnifique. Rempli de poésie. On s'attache. On sourit. On est ému. On a envie de pleurer...

Ce livre est fait pour tout le monde, et je l'ai adoré ♥

En plus d'être touchant, il m'a appris des choses que j'ignorais.

Bref, lisez-le. Vous ne le regretterez pas.

Dans mon cas, je suis juste bien trop heureuse d'en avoir fait la découverte ♡
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Toffee et moi

Lire Sarah Crossan est une immersion dans la poésie romancée ou la littérature en vers... L'autrice traduit ainsi avec les mots justes un large panel d'émotions avec un minimum de mots. Il y a des thèmes forts dans ce roman, notamment la maltraitance, mais aussi la maladie d'alzheimer. On suit l'évolution d'Alisson, qui essaie de s'émanciper de son père après une violence de trop. Elle et Marla sont deux personnages seuls, qui vont lier un lien particulier au fil de l'histoire, et combler leurs solitudes. Leur rencontre est très émouvante : deux générations qui s'entrechoquent et deux solitudes qui se soutiennent.

Toffee et moi relève de ses livres touchants et émouvants dont le lecteur ressort enrichi et philosophe par le partage d'une belle expérience de vie.


Lien : http://www.liresousletilleul..
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Inséparables

Intense et bouleversante, voilà comment je qualifierais ma lecture d’Inspérables, écrit par l’auteure irlandaise Sarah Crossan. Même si ce livre est classé dans la catégorie « jeunesse », il peut (et il devrait) être lu à n’importe quel âge tellement le message diffusé dans ce récit est fort et franchement très émouvant (oui, j’avoue, j’ai versé quelques larmes à la fin du livre !).



Alors, Inséparables, ça parle de quoi exactement ?



Et bien dans ce livre, nous suivons six mois de la vie (de septembre à mars) des deux sœurs siamoises américaine Tippi et Grace, qui vivent à Montclair, pas loin de New York, au sein d’un foyer modeste puisque seule leur mère travaille car leur père est au chômage (et noie son ennui et ses désillusions dans l’alcool….). S’ajoute deux autres personnes dans la maison : Grammie, leur grand-mère qui s’est toujours bien occupée des filles, et leur petite sœur de trois ans leur cadette, Nicole, surnommée depuis sa plus jeune enfance Dragon, qui a un certain talent de danseuse, mais qui sait aussi depuis sa naissance que la santé de ses sœurs (et les frais engendrés) passent avant tout dans leur famille.



Hors, en ce mois de septembre, lorsque débute le livre, Grace et Tippi s’apprêtent à aller au lycée pour la toute première fois de leur vie ! (elles ont toujours été scolarisées à domicile). Nos deux héroïnes ont 16 ans et demi et ne connaissent pas grand-chose à la vie, ou, en tout cas, n’ont jamais rien expérimenté de concret comme le simple fait d’être une lycéenne normale entourée d’amis….C’est donc en leur compagnie que nous allons effectuer ce grand plongeon dans l’inconnu qui nous parait à nous, pourtant, si banal et si ordinaire mais qui est loin de l’être pour nos deux jeunes filles…..



Narré à la première personne du singulier, du point de vue uniquement de Grace, nous la suivons donc, en compagnie de sa sœur, dans sa nouvelle vie sociale au lycée, ce qui change diamétralement de tout ce que nos deux héroïnes connaissaient depuis leur naissance, à savoir leur famille ou les médecins.



Même si elles seront obligées d’affronter les regards insistants et la peur de certains élèves, elles auront aussi l’opportunité de se faire de vrais amis et peut-être ressentir leurs premiers émois amoureux…..



Ce que j’ai aimé dans ce livre :

1#-La mise en page du récit : Quand j’ai reçu le livre, qui fait quand même 406 pages, j’ai eu un moment de surprise quand je l’ai ouvert. Et du coup, je comprends un peu mieux pourquoi ce livre est étiqueté « Jeunesse » car en fait, Inséparables est un peu écrit comme un journal intime, sans vrai date précise (sauf une, la plus déterminante dans l’existence de nos deux héroïnes), et chaque fait marquant durant ces six mois narrés par Grace sont expliqués à chaque fois sur une ou deux pages maximum et parfois même ne comportent que quelques lignes. Le texte est donc très épuré, à la manière d’une pensée fugace et selon moi, correspond parfaitement à des réflexions d’une jeune fille de presque 17 ans qui a toujours été montrée du doigt par l’extérieur, surprotégée par ses proches, analysée par les médecins et psychologues et qui, à la finale, ne connaît rien à la vrai vie d’une lycéenne et qui aimerait pourtant être comme toutes les autres filles de son âge….



2#-L’empathie de l’auteure vis-à-vis de ses deux héroïnes : Je dis bravo à l’auteure irlandaise Sarah Crossan qui a vraiment réussi à me projeter dans la tête de Grace et à ressentir parfaitement ses émotions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Nous ne suivons pourtant que six mois de sa vie, mais ces quelques mois sont tellement intenses pour elle et sa soeur qu’obligatoirement, un attachement se fait et pour ma part, à chaque fois que j’étais obligée d’interrompre ma lecture pour vaquer à mes occupations de la vie courante, et bien j’étais très souvent en train de penser à ces deux filles au destin incroyable et j’essayais aussi d’anticiper ce qui allait leur arriver….Grace nous fait aussi partager quelques éléments de son parcours depuis son enfance, comme par exemple les moments pas forcément très simples quand elle avait sept ou huit ans et qu’elle se chamaillait avec sa sœur….Difficile de prendre ses distances avec celle qui est collée à votre corps….



3#-Les très belles phrases : L’écriture de Sarah Crossan est remarquable. Pas besoin de longues phrases, juste des mots qui tombent parfois comme un couperet et qui nous font ressentir les émotions à fleur de peau de Grace face à diverses situations. Il y a non seulement ses réflexions par rapport à ses interactions avec son entourage mais il y a aussi sa vision très claire de l’avenir plus qu’incertain qui se profile pour elle et sa sœur….En effet, depuis leur naissance, les médecins ont toujours été plus ou moins pessimistes quant à leur chance d’atteindre l’âge adulte…..



4#-L’amitié, ce nouveau sentiment : Il faudra que nos deux héroïnes atteignent l’âge de 16 ans et demi pour enfin se faire des amis. C’était vraiment bien amené par l’auteure qui a fait le choix de donner des personnalités et un passé bien particuliers à Yasmeen et à Jon, les amis de nos siamoises.



5#-Les références culturelles et historiques : Inséparables est un livre de son temps avec des adolescents de leur temps qui écoutent de la musique à la mode mais l’auteure y inclus également des grandes œuvres de la littérature (que Jon va faire découvrir à Grace), sans parler des films, notamment l’allusion à Hitchcock. Si cela peut permettre aux jeunes lecteurs de s’ouvrir des horizons nouveaux rien qu’avec la curiosité de regarder sur internet à quoi correspondent les noms et titres évoqués dans ce livre, ce sera déjà une grande victoire. J’ai toujours aimé les histoires qui font référence à d’autres œuvres en clin d’œil subtiles….Et le moins que l’on puisse dire c’est que Sarah Crossan a plutôt bon goût dans ses références !



6#-Le message à l’acceptation de soi et au droit à la différence : Ce qui est bien dans ce livre, c’est qu’il nous pousse à réfléchir. En effet, l’auteure, par le biais de son héroïne Grace, met le doigt là où ça fait mal et cherche à nous bousculer dans nos idées préconçues. Déjà, il y a le fait que Grace ne veut pas que les autres ressentent de la pitié pour elle et sa sœur. Certes, elle a une existence différente de la majeure partie des gens, mais comme elle le fait si bien remarquer, il y a énormément de gens qui souffrent de choses « bien pires » dans ce monde. Les gens ont tendance à prendre en pitié ceux qui sont différents parce qu’eux-mêmes ne consentiraient pas à s’imaginer à leur place…Mais tout comme quelqu’un qui perd la vue ou l’usage de ses jambes, il faut bien s’adapter et continuer à vivre. C’est d’autant plus « facile à accepter » avec les gens qui naissent avec des handicaps et qui n’ont donc connu que « ça » et du coup, n’ont rien à regretter car ils n’ont que ce modèle d'existence. Et Grace le clame haut et fort, elle a la chance d’avoir quelqu’un qui l’aimera toujours, son double, sa sœur. Elles sont unies et ne font qu’une face à l’adversité. Evidemment, dans ce livre, nous assistons aussi au changement de mentalité de certaines personnes, notamment les médecins ou les journalistes qui ne considèrent plus forcément Grace et Tippi comme des « cas d'étude et de curiosité » mais comme deux êtres humains courageux et conscients plus que les autres de leurs faiblesses et de leur propre mortalité…..



Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :

Allons bon, il n’y a rien à dire par rapport à ce récit bouleversant et vraiment très bien écrit ! Et si je devais juste apporter une seule critique, c’est peut-être le fait que c’est dommage que ce livre ait été classé dans la catégorie "Jeunesse" car du coup, cela peut empêcher certains lecteurs adultes de le lire (oui, il y a des adultes qui ont honte de lire un livre jeunesse…Dommage pour eux...).



Pour conclure, j’ai vraiment eu un beau coup de cœur pour ce livre qui m’a bouleversée et me fait encore réfléchir plusieurs jours après la fin de ma lecture. Nous ne pouvons pas sortir indemne de ce récit tellement il nous prend aux tripes. Durant 406 pages (qui se lisent extrêmement vite vu la mise en page très particulière choisie par l’auteure) nous partageons les pensées de Grace, l’une des deux sœurs siamoises, âgée de 16 ans et demi et qui doit aller au lycée pour la première fois et être confrontée, avec sa sœur, au regard pas toujours bienveillant du monde extérieur. L’auteure irlandaise Sarah crossan a parfaitement réussi à nous mettre à la place de Grace, à ressentir ses joies, ses émois, ses désillusions, ses colères et ses peines. Les personnages secondaires sont aussi particulièrement bien soignés, que ce soient les parents ou la grand-mère des filles, tout comme Dragon, leur petite sœur, ou bien encore Yasmeen, Jon et Caroline. Comme le dit si bien Grace - qui a eu une vision très claire et très mature sur la fragilité de sa propre existence - vivre attachée à Tippi n’est pas une tragédie malgré tous les regards de pitié ou de dégoût posées sur elles !….Alors OUI ! Je vous conseille bien évidemment à 100% la lecture d’Inséparables, et ne vous fiez pas au fait que ce soit un livre classé dans la catégorie "Jeunesse" : Ce livre est tellement profond de par les sentiments qu’il inspire et les mises en situations vécues par nos deux héroïnes qu’il devrait être lu par tout le monde ! Bravo à l’auteure Sarah Crossan et merci à Clémentine Beauvais pour l’adaptation en français.



Je remercie Babelio de m’avoir sollicitée pour découvrir en avant-première ce merveilleux roman, ainsi que les Editions Rageot.



Ma note : 18,50/20
Lien : http://lespassionsdeviedefun..
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Moon brothers

Je termine ma lecture de ce roman soufflée par l’émotion et la délicatesse de ces dernières pages où la voix de Joe - si présente - achève son récit. J’avoue être bluffée : comment avec une économie de mots et l’usage d’une forme de narration aussi atypique que le vers libre, Sarah Crossan donne une puissance rare à la voix du personnage principal, Joe, adolescent de 17 ans dont le grand frère est emprisonné au Texas pour homicide. Jugé coupable d’avoir tué un policier, Ed sera bientôt exécuté. C’est l’heure des derniers appels devant la Cour Suprême puis auprès du gouverneur. C’est l’heure des jours qui filent inexorablement jusqu’à la date fatidique de la mise à mort. C’est l’heure pour Joe malgré son jeune âge de tracer la route jusqu’au Texas pour retrouver ce frère et combler l’abîme de la séparation creusé par le doute, les dix ans d’enfermement et les déchirures du manque. Joe raconte son enfance pourrie par une mère alcoolique et négligente puis l’arrestation et l’incapacité de la famille à aider Ed. Dépassés par le fonctionnement de la justice qui ne prête qu’aux riches le droit d’être entendus et défendus par un avocat, Joe, sa sœur et sa tante ne prennent pas conscience de la gravité de la situation d’Ed. Ils n’ont pas conscience non plus de l’enfer que la communauté va leur faire vivre : ils portent eux-mêmes le poids des accusations qui pèsent sur Ed, comme coupables d’être du même sang, de porter le même nom. Joe crache son dégout toujours ravalé de ces bons gens bienpensants qui lui jettent à la figure leur mépris. Mais Joe s’oublie aussi dans les moments heureux où ce frère qu’il aime et admire l’a toujours protégé de la misère de leur situation. Alors, Joe trouve le courage de faire ses premiers pas dans le couloir de la mort, de se montrer digne du nom qu’il porte et de faire face à ses doutes pour mieux les terrasser. Un texte riche de profondes réflexions sur la culpabilité qui s’abat sur les familles des condamnés, la peine de mort, le sens de la justice, l’importance des liens du sang dans une Amérique où la justice fonctionne à deux vitesses. Un roman jeunesse de grande qualité pour faire réfléchir les adolescents sur cette thématique difficile tout en gardant une dimension profondément humaine et juste.
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Inséparables

J'ai lu ce livre il y a quelques mois, mais il m'a tellement marquée que je me souviens encore de ma lecture.



C'était le premier roman de Sarah Crossan que j'ai lu, et depuis j'ai lu Moon Brothers et Toffee et moi, qui ont été aussi émouvants et bouleversants qu'Inséparables.



Je me suis attachée très rapidement aux deux sœurs, et j'ai été très sensible aux difficultés auxquelles elles ont fait face tout au long du roman, mais également à tous les bons moments qu'elles ont passés ensemble, ainsi qu'avec leurs amis et leur famille.



Je l'avais emprunté en bibliothèque et je viens de l'acheter pour pouvoir le relire et avoir cette merveille dans ma bibliothèque.



Les vers libres peuvent déstabiliser au début, mais ils apportent beaucoup de poésie et de rythme au récit, c'est un plaisir à lire.



Est-ce utile de vous dire de préparer des mouchoirs pour la fin ? Vous allez être tellement ému que vous allez en utiliser un paquet entier.
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Inséparables

Original par son sujet et par sa forme, ce roman nous plonge dans la vie de deux adolescentes siamoises à travers les poèmes en vers libres rédigés par l’une d’elles. Il offre une réflexion intéressante sur le poids du regard des autres, sur ce qui est perçu comme la normalité, et dépeint de manière touchante et juste les relations familiales et amicales des héroïnes. C’est avant tout une belle histoire d’amour : l’amour qui unit ces deux sœurs, loin de se considérer comme les monstres que d’autres voient en elle. L’optimisme de Grâce et de sa sœur siamoise est très contagieux et transmet une émotion juste. La pâte de la traductrice en français Clémentine Beauvais est perceptible.
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