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Citation de Chimere


Une jeune femme vint à ma rencontre, enroulée dans son sarong, ses cheveux noirs relevés en chignon, le teint hâlé, un petit nez régulier et des yeux non bridés, traits qui m'ont toujours étonné chez cette population enfouie au cœur de l'Asie.
- Bonjour, que voulez-vous ? me demanda-t-elle, s'exprimant d'entrée de jeu dans un anglais approximatif.
Mon mètre quatre-vingt-dix et mes cheveux blonds laissaient peu d'ambiguïté sur mes origines occidentales.
- Je viens voir monsieur... euh... maître... Samtyang.
- Il va venir, m'informa-t-elle avant de disparaître entre les arbustes et la succession de petites colonnes qui soutenaient les toits des campans.
Je restai un peu bête, debout, en attendant que Son Excellence daigne venir accueillir l'humble visiteur que j'étais. Au bout de cinq minutes, qui me parurent suffisamment longues pour m'amener à m'interroger sur la pertinence de ma présence ici, je vis s'avancer un homme d'au moins soixante-dix ans, peut-être même quatre-vingts. La première chose qui me vint à l'esprit fut que je lui aurais sans doute donné cinquante roupies si je l'avais vu faire la manche dans la rue. J'ai tendance à ne donner qu'aux vieux : je me dis que s'ils mendient à leur âge, c'est vraiment qu'ils n'ont pas le choix. L'homme qui marchait lentement dans ma direction n'était pas en haillons, certes, mais ses vêtements étaient d'une sobriété désarmante, minimaliste et sans âge.
J'ai honte d'avouer que mon premier réflexe fut de penser qu'il y avait erreur sur la personne. Il ne pouvait s'agir du guérisseur dont la réputation s'étendait outre-mer. Ou alors son don allait de pair avec son manque de discernement et il acceptait que le Premier ministre du Japon le paye en cacahuètes. Il aurait pu aussi être un génie du marketing, ciblant une clientèle d'Occidentaux crédules, avides de clichés, comme celui du guérisseur vivant en ascète dans le parfait détachement à l'égard des choses matérielles, mais acceptant en fin de séance une rétribution généreuse.
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