Il y a deux manières opposées et cependant comparables de punir un homme : le condamner à l'enfermement ou le jeter dans l'infini. J'avais jusque-là fait l'expérience des geôles et goûté de leur cruauté. J'avais crié dans des cachots et frappé des poings sur leurs murs. Il me semblait que j'avais éprouvé le pire. C'est que je n'avais pas connu la Sibérie.
En y entrant, on sent se tendre jour après jour puis se rompre le fil qu'on croyait solide et qui nous reliait à l'humanité. On ne vit pas seulement séparé de ce que l'on aime, comme dans une prison, on lui devient étranger.