Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne 2020. Dea grandit dans un monde ancestral, entre sa mère, gardienne des mystères des plantes qui guérissent et qui tuent, son père qui l’aime d’un peu trop près et ses frères aux noms de héros antiques. Mariée, elle découvre la ville, ses duretés et la violence conjugale. Un conte contemporain, aux accents de tragédie mythologique, âpre, dur et violent, embelli par la sensualité, le rythme et la poésie d’une langue imagée, pleine d’odeurs et de textures.
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Sous le velours, la lame.
Le titre ne ment pas : « Le corps déchiré » n’est pas une affaire de lendemains qui chantent.
Et que Fabienne Bogádi me pardonne si je suis “cash” : s’il y a des romans qui ne sont pas à mettre dans toutes les mains, celui-ci en fait partie.
Un lecteur averti en vaut deux : Rose, l’héroïne de ce roman, est une jeune femme à qui on a volé l’amour qui aurait dû faire d’elle un être comme les autres. Malheureusement pour elle, les nuages s’accumulent vite dans sa vie : entre un père absent et une mère qui la nie, Rose grandit comme elle le peut, jusqu’à ce jour où le viol lui est infligé, comme une sentence, un sacrifice.
Prisonnière de son corps à jamais souillé, son esprit se cogne aux murs, avec parfois quelques moments de grâce, si rares, si courts.
En nous laissant pénétrer lentement la vie de Rose, Fabienne Bogádi nous invite à un voyage étrange, où sous la douceur presque hypnotique du texte, on devine le feulement du fauve que la folie possède et affame.
Rose est multiple, Rose peut lacérer en croyant caresser, ou son contraire, tant parfois elle se détache de ses actes. Rose est dangereuse.
Nous la suivrons jusqu’au bout.
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