4 livres recommandés par Martin Panchaud, auteur de BD
Découvrez les coups de cœur littéraires de l'auteur

Article publié le 07/12/2023 par Nicolas Hecht


Martin Panchaud est à n'en pas douter l'une des grandes révélations en bande dessinée de ces dernières années. Sa première BD La Couleur des choses, d'abord parue en Suisse en 2020 aux éditions Moderne, a en effet été un choc esthétique pour tous les amateurs à sa parution en France chez Cà et là en 2022, avec une proposition graphique unique et déroutante. On y suit un ado de 14 ans, Simon, dans un récit policier et humoristique présenté en vue de dessus, un peu à la manière d'un jeu vidéo comme Hotline Miami ou les premiers GTA, ou encore certaines infographies.

Un rendu visuel en apparence simple, pourtant plein de détails, qui nous entraîne dans une histoire à la fois sociale, criminelle, parfois technique et naturaliste. Le plus étonnant dans ce livre, c'est qu'on finit par s'attacher à des personnages uniquement représentés par des points. Mais aussi que le récit reste tout à fait limpide dans son déroulé, et le suspense haletant, malgré un graphisme bien loin de nos habitudes visuelles en matière de BD.

Un vrai tour de force qui a su séduire autant le public (40 000 exemplaires vendus et une très bonne moyenne sur Babelio) que les critiques, puisque La Couleur des choses a remporté le Grand Prix de la critique ACBD et le Fauve d'or au Festival d'Angoulême en 2023. Tout ça nous a donné très envie d'interroger Martin Panchaud à propos de ses lectures, au détour d'une dédicace au festival Quai des Bulles de Saint-Malo (voir photo en fin d'article). 

(En guise de bonus, on vous conseille de visiter ce site où il livre une interprétation toute personnelle de l'épisode IV de Star Wars.) 



Nassim Nicholas Taleb, Antifragile
Les Belles Lettres, traduit de l'anglais par Christine Rimoldy et Lucien D'Azay, 660 pages, 26,50 €

 


« C'est un livre qui parle du rapport qu'on a à l'échec et à la difficulté, qui explique que ce sont en fait des sources d'opportunités. Je trouve que dans un monde assez binaire sur le diptyque réussite/ratage, ça remet les choses en place, et contrebalance l'éducation autour de ces questions. Un livre qui peut aider pas mal de gens, je pense. »



Miguel Vila, Fleur de lait
Presque lune, traduit de l'italien par Laurent Lombard, 176 pages, 22 €
 


« J'ai découvert cet auteur et cette BD cette année. Il a un langage visuel extrêmement puissant et juste. Il arrive à jouer avec les codes de la BD, avec des images en très gros plan qui donnent plein de détails, et parfois des zooms arrière. Il y a un travail sur le blanc, la forme des cases, sur le rythme, sur des regards et des points de vue qui est très fort. A ne pas mettre entre toutes les mains cependant, parce que c'est un livre assez dur, une sorte de Bukowski soft. Une histoire forte et très actuelle sur le rapport qu'on a aux gens et aux choses, qui se passe en Italie. »



Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien
Folio, 384 pages, 12,90 €



« Là c'est un monument de la littérature, que j'ai découvert cette année aussi. Parfois on oublie qu'il existe des grands classiques qui valent vraiment le coup quand on cherche une prochaine lecture, et pourtant ils n'attendent que d'être ouverts. Ca raconte l'empereur Hadrien, qui succède à Trajan, et on se rend compte que chaque phrase est maîtrisée, que le rythme est très bon, que le tout est un miracle de construction. J'avais déjà lu Yourcenar avec Alexis ou le traité du vain combat, et maintenant j'ai envie d'explorer plus profondément son œuvre. Une leçon de littérature, tout simplement. »



Philip Pullman, trilogie A la croisée des mondes
Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Jean Esch, 1032 pages, 29,90 €
 


« Je suis pas mal dans l'onirisme fictionnel ces derniers temps. C'est un ami qui m'a conseillé celui-ci. Ca peut être assez casse-gueule de créer un monde nouveau, avec ses règles. On peut vite tomber dans quelque chose de kitsch. Mais là il s'en sort extrêmement bien. Son idée d'animal-totem, comme un prolongement de nous-même, est très forte. Dans le deuxième tome, il prend le contrepied et ça relance complètement l'intérêt. Par contre l'adaptation cinéma [par Chris Weitz, avec Nicole Kidman et Daniel Craig, 2007 NDR] n'est pas terrible, je pense que ça manque de budget, donc il faut plutôt se lancer dans les romans pour vivre pleinement cette histoire. »

 Merci à Martin Panchaud d'avoir pris le temps de nous répondre !

L'impressionnante machine à dédicaces de Martin Panchaud à Quai des Bulles