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L'Histoire autrement : interview de Nota Bene / Benjamin Brillaud
Article publié le 21/01/2022 par Nicolas Hecht

 

Depuis la création de sa chaîne Nota Bene sur YouTube en 2014, Benjamin Brillaud s'évertue à rendre l'Histoire et ses méandres accessibles au plus grand nombre. Une formule qui a rencontré un public important, puisqu'il est désormais suivi sur cette plateforme vidéo par près de 2 millions de spectateurs. Il faut dire que Benjamin Brillaud ne manque ni de charisme, ni de pédagogie pour aborder une myriade de sujets tous plus passionnants les uns que les autres.

 

Et les livres, dans tout ça ? Justement, en plus d'être à la tête d'une chaîne reconnue regroupant plusieurs centaines de vidéos et d'une équipe pour créer et faire la promotion de ses contenus, le YouTubeur trentenaire est également auteur depuis 2016, mais aussi personnage d'une série de bandes dessinées. De quoi largement redonner le goût de l'Histoire à ceux qui peinaient sur les bancs de l'école, et nourrir la passion des amateurs.

 

© Pascal Montagne

 

Nous lui avons donc posé quelques questions à propos de Nota Bene, mais aussi de son activité d'auteur/directeur d'ouvrage et de ses lectures. Et pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ses vidéos, vous pourrez retrouver en fin d'interview 3 vidéos pour un premier contact avec ses réalisations.

 

 

Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous nous présenter le concept derrière les chaînes Nota Bene et Nota Bonus ?

J’ai lancé la chaîne Nota Bene en 2014 avec l’objectif de partager mes découvertes autour de sujets historiques. Rapidement elle a connu un bel essor et j’ai depuis réalisé et produit plus de 350 vidéos dédiées à l’Histoire. Je ne me cantonne pas à une thématique précisément, ce qui m’intéresse, c’est de montrer que cette Histoire est multiple et large. C’est pourquoi je couvre toutes les zones géographiques, toutes les périodes et tous les sujets qu’ils soient politiques, sociaux, économiques, militaires, etc. Nota Bonus est une extension de la chaîne principale avec des formats courts (5/10 minutes) et des entretiens avec des historiens (2 heures) ainsi que des vidéos beaucoup plus légères qui n’ont pas forcément trait à l’Histoire.



D’où vient votre intérêt pour l’Histoire ?

Cet intérêt ne remonte pas à mon enfance, même si j’ai toujours pu apprécier le patrimoine qui m’entourait et que j’ai toujours été curieux de nature. C’est cette curiosité qui m’a poussé sur les bancs de la fac d’Histoire, mais étant passionné depuis toujours par l’audiovisuel et le cinéma, j’ai embrassé une carrière de cadreur/monteur avant de lancer ce projet Nota Bene. Finalement si cette passion trouve peut-être ses racines dans le cinéma justement et dans cette brève expérience à l’université, elle a été alimentée par la création même du projet. Le savoir appelle le savoir, et c’est en me penchant sur l’Histoire que je me suis rendu compte de sa richesse. Il n’y a pas assez d’une vie pour tout explorer, et c’est bien dommage !

 

© Pascal Montagne



Comment procédez-vous pour être pédagogue et didactique sur un sujet ? Avez-vous des « routines créatives » que vous utilisez pour élaborer vos vidéos ?

Il est parfois difficile de se détacher de ses propres connaissances pour se mettre à la place de quelqu’un qui ne connaît rien au sujet que l’on va aborder. En ce sens, mon travail était peut-être plus simple au début du projet d’ailleurs. Mais je tente toujours de me poser la question du « pourquoi ? ». Il ne faut surtout pas infantiliser le public en évitant de rentrer dans des sujets complexes, mais il est important d’utiliser des mots du quotidien pour les exprimer, de se couper d’une posture de « sachant » qui va délivrer un savoir. Quand j'écris, je lis toujours mes phrases à voix haute, avec l’intonation que je prendrais lors du tournage. Ca me permet immédiatement de voir si la structure est trop lourde et s’il faut remanier le texte.



Vous avez une formation dans l’audiovisuel, et réalisez vous-même vos tournages/montages/post-productions. Comment en êtes-vous venu à écrire des livres ?

Il faut préciser que j’ai en effet un profil de technicien qui m’a permis d’être autonome sur les créations que je postais sur YouTube. Cependant je travaille aujourd’hui avec une dizaine de personnes à temps plein sur Nota Bene (production, iconographe, monteurs, réseaux sociaux…) et une quarantaine d’auteurs sur le fond des épisodes. C’est un véritable travail d’équipe !

Pour en revenir à l’écriture d’un ouvrage, je ne l’avais pour ainsi dire jamais envisagée car je pensais cela totalement hors de portée. Écrire un livre, c’était pour moi un privilège réservé à une élite littéraire et nébuleuse qui n’appartenait pas à mon monde (ce qui est évidemment faux). C’est parce que Nota Bene a eu du succès que les éditeurs sont venus me démarcher au départ en me proposant d’adapter mon travail sur papier. Quand j’ai eu la chance de le faire, j’ai saisi l’occasion en ayant à l’esprit que c’était très différent d’écrire un livre ou le script d'une production Nota Bene. C’était pour moi un vrai challenge… et si j’étais mauvais ?

 

© Pascal Montagne

Pouvez-vous nous parler un peu des ouvrages sur lesquels vous avez travaillé jusqu’à présent ? Vous avez fait publier des projets assez différents, de votre premier essai sur les pires batailles de l’Histoire à un livre de cuisine avec Thibaud Villanova, en passant par la série de bandes dessinées vous mettant en scène, chez Soleil…

Les Pires Batailles de l’Histoire (Robert Laffont) reprend la formule à succès de Nota Bene. Bien évidemment il ne s’agit pas de hiérarchiser la guerre et ses horreurs, je me sers du prétexte d’un sujet vendeur, ici les « pires » batailles, pour évoquer des contextes historiques très riches et faire découvrir l’Histoire aux lecteurs. C’était un projet très anxiogène pour moi car c’était mon « saut dans le grand bain » et j’ai été ravi de voir le bon accueil du public.

 

Suite à cela, j’ai été contacté pour différents types d’ouvrages et la BD [voir le premier tome de la série ici] a retenu mon attention car elle me permettait de mettre en scène cette histoire comme aucun autre média. En vidéo, il est parfois compliqué d’illustrer un épisode sur un événement antique car l’iconographie peut vite venir à manquer. Ici, il suffit d’imaginer et de jouer avec l’Histoire pour voir prendre vie sous ses yeux les fresques épiques que l’on imaginait. C’est absolument magique ! Cependant mon travail est différent sur les BD, j’apporte tout le fond historique et je sers de « conseiller historique » mais je n’ai pas voulu écrire seul. C’est une écriture très technique et précise, ça ne s’improvise pas. J’ai donc imposé à mon éditeur de travailler avec un co-scénariste et un illustrateur, pour être sûr de viser juste ! Cette aventure collective est bien plus stimulante, chacun y met sa patte et enrichit son travail de celui des autres. Ces BD nous permettent de voyager dans le monde à la découverte de personnages incroyables, des croyances des anciens Égyptiens ou des fiers Nordiques !

 

Enfin Cuisiner l’Histoire (Hachette) est une formidable rencontre entre deux passionnés de culture geek, d’Histoire et de cuisine. Quand Thibaud m’a proposé de collaborer ensemble sur un tel ouvrage, j’étais ravi ! Quoi de mieux pour transmettre l’Histoire que de jouer avec la cuisine, si riche et si universelle ? Tout le monde a des souvenirs de cuisine avec sa famille et a plaisir à partager de nouveaux moments avec des êtres chers. Et il était très tentant de pouvoir proposer quelque chose de ludique qui permette au passage de voyager à travers l’Histoire : 40 épisodes historiques qui inspirent 35 recettes originales créées par Thibaud. On s’est régalés dans tous les sens du terme !

 


 
Y a-t-il une période historique, une époque qui vous intéresse particulièrement ?


C’est une question que l’on me pose souvent et je suis toujours dans l’incapacité d’y répondre avec facilité. Encore une fois je suis très curieux, j’ai du mal à me poser sur une période et cette question appelle des réponses différentes chaque année, chaque mois, chaque jour, en fonction des sujets du moment qui m’animent.


Pour votre prochain livre, vous dirigez une équipe d’une dizaine d’auteurs autour des vikings. Comment avez-vous abordé ce projet, et qu’est-ce qu’on peut s’attendre à y trouver ?

C’est un gros projet que nous avons là et je dois dire que j’ai été surpris qu’il rencontre tant d’engouement du côté des futurs lecteurs mais aussi des auteurs que j’ai contactés. J’avais envie de créer un objet de vulgarisation qui fasse sens et qui soit aussi rigoureux qu’accessible. Les vikings sont un sujet que j’affectionne depuis des années car il y a beaucoup d’idées reçues à leur égard, sans doute alimentées par leur représentation dans des œuvres de pop culture.

 

En préparant de nombreuses émissions à leur sujet, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de productions littéraires autour de la thématique mais aucune synthèse qui me convienne. Les ouvrages les plus complets sont rédigés par des spécialistes et ne sont pas des plus accessibles pour quelqu’un qui n’est pas forcément féru d’Histoire. J’ai donc lancé l’idée de réunir une équipe composée à la fois de spécialistes des mondes nordiques et de chroniqueurs qui m’ont accompagné sur Nota Bene tout au long de ces années sur ces sujets précis. En mêlant le sérieux et la pédagogie de chacun, j’espère ainsi toucher un large public et donner une autre vision des vikings.

 

De leurs premiers raids en Angleterre à leur défaite à la bataille de Stamford Bridge, nous explorons certes leur histoire guerrière et leurs compétences de navigateurs, mais nous redéfinissons surtout le cadre de cette activité de viking. Car il s’agit bien là d’une activité, et non d’un peuple ! Ces Scandinaves étaient aussi et surtout des fermiers et c’est pour nous l’occasion de nous intéresser à leur vie quotidienne, à l’organisation de leur société, à leur religion et à leurs mythes mais aussi à leur déclin.

 



Benjamin Brillaud à propos de ses lectures

 

Etes-vous également lecteur de fiction ? Avec certains genres de prédilection/un auteur incontournable à conseiller ?

Je lisais beaucoup de science-fiction et de fantasy étant plus jeune. Je pense avoir pris goût au roman avec l’aide de Bernard Werber et ses Thanatonautes, je me suis perdu du côté des grands classiques LanceDragon, mais je n’ai jamais été très intéressé par la littérature classique. L’auteur qui m’a marqué a sans aucun doute été Stefan Wul avec des œuvres comme Terminus 1 ou Niourk.

 

Quel est le livre que vous auriez rêvé d'écrire ?

Je suis très admiratif de grands ouvrages collectifs comme ceux paru chez Belin, que ça soit L'Afrique ancienne ou Naissance de la Grèce.

 
Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Je dois bien avouer que comme beaucoup de jeunes de ma génération, c’est Harry Potter qui m’a amené à la littérature et aux romans en particulier. Mais cela est arrivé dans mes mains en même temps que LanceDragon, à qui je dois beaucoup ! Je n’ai jamais été un grand lecteur d'essais ou d’ouvrages documentaires. En tout cas jusqu’à la création de Nota Bene, où mon usage reste très parcellaire car je picore énormément d’un ouvrage à l’autre.
 

Avez-vous une citation historique fétiche ? La parole d’une figure illustre ou d’un historien ?

Pas vraiment une citation historique mais plutôt un vieil adage : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » !
 

Et en ce moment que lisez-vous ?

J’ai pu mettre la main sur Une ligne mythique - Paquebots français et britanniques sur l’Atlantique Nord entre 1890 et 1940 de mon camarade Antoine Resche. Depuis qu’il m’a parlé pendant des heures du Titanic, j’ai creusé un peu le sujet et c’est absolument passionnant !
 

3 vidéos pour découvrir la chaîne Note Bene

 

 

 

 

Et vous, quels sont les livres d'Histoire que vous recommanderiez ? Dites-le nous en commentaire...

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