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Littérature Ado : les coups de cœur de Florence Hinckel 
Article publié le 17/12/2021 par Pierre Krause

 
Après le polar et les littératures de l'imaginaire, c'est la littérature jeunesse qui est à l'honneur en cette fin d'année 2021. Dans le sillage du Salon du livre jeunesse de Montreuil, nous avons en effet demandé à plusieurs auteurs et autrices de nous recommander leurs coups de cœur dans le genre. Quels sont les albums, romans jeunesse ou jeune adulte qu'ils conseillent ? Découvrez-le dans notre série d'articles. 

 

 

 

Après Thomas Fersen et David Bry, c'est l'autrice Florence Hinckel qui nous propose ses coups de cœur en littérature pour ados. Avec près de 55 livres enregistrés sur Babelio et plus de 1 500 critiques, Florence Hinckel est depuis de nombreuses années une référence en littérature jeunesse. Autrice d'une œuvre éclectique, elle n'a peur ni de toucher dans ses œuvres à des sujets sensibles ni à aborder de nombreux genres différents. On retrouve cet éclectisme ainsi que son goût pour des sujets difficiles dans ses choix de lectures. A noter que les lectures de Florence Hinckel sont régulièrement chroniquées par l'autrice elle-même sur son propre site

Dans L`énigme Edna, son dernier roman publié aux éditions Nathan, Florence Hinckel aborde le genre du thriller à la Stephen King. On suit dans ce roman la jeune Edna qui a perdu sa mère il y a peu de temps et vit depuis repliée sur elle-même. Elle est un jour victime d'une agression physique au lycée où elle étudie suite à un choix de lecture jugé élitiste. Le début d'un engrenage qui n'épargnera personne... 



Quels sont les livres ados que Florence Hinckel recommande ? On le découvre ci-dessous !

 

Melvin Burgess, Nicholas Dane         
Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Laetitia Devaux, 400 pages, 14,20 €

 

 

Ce roman est très intrigant, car il est publié en jeunesse, mais sur le dos du livre il est spécifié « Ne convient pas aux jeunes lecteurs ». On fronce forcément les sourcils, on ne pige pas, et c’est tout le paradoxe de la littérature dite cross-age dont Melvin Burgess est l’un des précurseurs… Burgess nous livre ici un Oliver Twist moderne. On y retrouve exactement les mêmes figures, ainsi que les mêmes événements, à quelques variations près. L’hommage à Charles Dickens est évident. Nicholas Dane, lui, a 14 ans, et sa mère meurt d’une overdose. A partir de ce moment, seul au monde, il va connaître une descente aux enfers d’une brutalité aussi révoltante que dans Oliver Twist, où les personnages adultes sont aussi peu dignes de confiance. Le personnage d’Oliver, ami de Nick, qui disparaît sans laisser de trace, fait vibrer de façon douloureuse les non-dits de Dickens. Une lecture passionnante, parce que dérangeante. 



Flore Vesco, L`estrange malaventure de Mirella  
L'école des loisirs, 224 pages, 15,50 €

 


 

J’ai retrouvé  dans ce roman le souffle et la légèreté de ton qui avait fait de De Cape et de mots l’une de mes meilleures lectures en jeunesse de ces dernières années. La joie de manier les mots de l’autrice se répercute sur le lecteur ou la lectrice, et elle nous embarque dans son enthousiasme à mener son histoire rythmée, enlevée et chantante (puisqu’elle est ponctuée de chants ou comptines). Ici, elle nous projette dans un Moyen Âge qu’elle-même qualifie de faux et fantasmé, avec un langage idoine (davantage celui des Visiteurs que celui de la réalité). C’est tout à fait volontaire de sa part, ce qui donne à son récit toute sa valeur de conte. Chaque personnage est dépeint avec malice, regard tranchant et tendre tout à la fois. Ajoutons que Flore Vesco nous offre un bel exemple d’émancipation féminine, ce qui a accru mon plaisir. 

 

[Retrouvez ici notre interview de Flore Vesco à propos de ce livre]



François Place, La douane volante
Gallimard Jeunesse, 336 pages, 14 €

 

 

Le grand François Place (dont j’avais déjà beaucoup aimé les illustrations tout en retenue dans Tobie Lolness) est un formidable conteur, maniant tour à tour poésie et précision scientifique. La Douane volante est un pur roman initiatique que j’ai envie de conseiller à tous les adolescents. Ce qui est formidable, c’est qu’il montre le monde tel qu’il est, avec sa violence, sa dureté, ses déceptions, mais le personnage de Gwen est si lumineux qu’on sort de ce roman empli d’espoir. J’ai tout bonnement adoré les personnages, tous dépeints avec tendresse, même les plus durs. Rien n’est manichéen. Chaque personnage peut tour à tour être bon et mauvais, et c’est particulièrement vrai pour le personnage incroyablement juste et frappant qu’est Jorn. Une touche de fantastique nous permet de supporter la noirceur, parfois, mais ce monde parallèle vit bien sous l’ombre réelle de la Première Guerre mondiale. Et pour finir j’ai aussi adoré la fin, surprenante et pleine de possibles.


Meg Rosoff, Ce que j`étais
Livre de Poche, 256 pages, 4,89 €

 

 

Celui-là est tout simplement magistral, et surpasse même de pas mal les deux précédents de Meg Rosoff. Un magnifique roman, parfois aux allures de Le Grand Meaulnes, maîtrisé de bout en bout, d’une intelligence rare, et, surtout, si le thème vous paraît banal au début, n’abandonnez pas avant la fin, qui vous réservera une surprise de taille (qui a fait mes délices !). A glisser entre toutes mains d’ados ballantes, et je dirais aussi d’adultes à qui ça ne ferait aucun mal. 



Susie Morgenstern, La première fois que j`ai eu seize ans  
Ecole des Loisirs, 205 pages, 4,31 €

 

Susie Morgenstern est l’une de mes écrivaines préférées (tout en étant une très belle personne dans la vie, ce qui ne gâche rien !). J’ai découvert la littérature pour enfants avec ses romans, dans un grand ravissement. Enfin je découvrais en littérature la même énergie mêlée au même manque de confiance en soi que j’éprouvais enfant et ado ! Ce roman-ci met en scène une héroïne plus âgée que dans la plupart des autres romans de Susie, mais c’est tout aussi charmant, juste et truculent. Ces héroïnes sont toutes des gourmandes de la vie, souvent très talentueuses et inventives, aux prises avec les injonctions sociétales, notamment sur l’apparence. Les difficultés de l’adolescence sont très bien relatées, dans une langue poétique et dynamique, sur fond de jazz. Un vrai bonheur !

 

 
Jandy Nelson, Le ciel est partout  
Gallimard Jeunesse, 432 pages, 8,20 €

 

Le plus beau roman pour ados sur le deuil que j’aie lu. Il dépasse toute moraline sur le sujet, avec beaucoup de sensibilité et une psychologie très fine. De beaux éclats de vie avec la mort chevillée au cœur, aux pulsions un peu désordonnées et très bien décrites. Au final un bel optimisme très loin de la niaiserie ambiante. Roman hyper régénérant.

 


Angie Thomas, The Hate U Give  
Nathan, traduit de l'anglais par Nathalie Bru, 494 pages, 17,95 €


Le pendant parfait, sous forme de roman, de l’essai Une colère noire : Lettre à mon fils de Ta-Nehisi Coates. On en ressort bouleversé.e, avec la même colère que l’héroïne. Et, comme durant ma lecture de Une colère noire, je n’ai pu que me rendre compte combien tous les mécanismes de domination se ressemblaient… hélas. Lisez et offrez ce livre (Une colère noire, aussi, vraiment éclairant et qui se lit comme un roman), pour que chacun s’en rende (enfin) compte.

 


Jacqueline Wilson, Kiss  
Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Alice Marchand, 352 pages, 13,50 €

 

 

Les mots de la toute jeune héroïne de ce roman me paraissent trop petits pour ce qu’elle vit, et bien évidemment ils le sont, face à l’intensité des émotions qui la submergent, face à la douleur de ne pas comprendre ce qui se passe chez son meilleur ami Carl, celui avec lequel s’était scellée la promesse d’un amour éternel. C’en est d’autant plus émouvant. Les personnages à peine décrits prennent toute leur dimension par leurs seuls actes et paroles. C’est souvent ainsi, la littérature anglo-saxonne : raconter une histoire sans prétention stylistique apparente. La très grande trouvaille de cette histoire, c’est le garçon de verre, la cité de verre, tout ce reliquat d’enfance dont je ne vous dis pas ce qu’il deviendra, en tout cas une très jolie et très frappante métaphore. J’ai beaucoup aimé.

 


Tim Willocks, Doglands  
Syros Jeunesse, traduit de l'anglais par Benjamin Legrand, 350 pages, 7,60 €

 

 

Formidable roman qui donne la parole à... un chien. Le style est envoûtant et le récit nous offre une réflexion lucide sur l’humanité. C’est poétique, cruel et drôle. En tout cas je n’ai pas réussi à lâcher ce roman avant de le terminer, et il reste l’un des préférés de mon ado de fils, qu’il continue encore à conseiller à tout le monde... certainement parce qu’il se sent très proche des animaux.

 

 

Clémentine Beauvais, Les petites reines  
J'ai Lu, 320 pages, 7,40 €

 

 

L’art d’émouvoir, de faire rire et de bousculer les mentalités en un seul roman : voilà ce que réussit ce roman plein de malice ! C’est frais, c’est farfelu, et cela donne un bon coup de pied aux représentations féminines surreprésentées en littérature jeunesse : belles ou affreusement déprimées de ne pas l’être. On peut réagir avec joie et énergie aux injonctions sociétales, Clémentine Beauvais nous le démontre, et nous offre un très beau modèle de nouvelles héroïnes possibles, dans la lignée de celles de Susie Morgenstern.

 


Jean-Claude Mourlevat, Le combat d`hiver  
Gallimard Jeunesse, 432 pages, 6,70 €

 

 

J’ai été happée par cette lecture aux frontières du fantastique et du réel. Il s’agit d’un hymne au courage et à la liberté, et à l’art aussi, comme possibilité de rassemblement, principalement la musique. Formidablement rythmé et bien mené, dans un monde plein d’inventivité, ce fut l’une de mes lectures jeunesse les plus enthousiasmantes.

 


Anne-Laure Bondoux, Les larmes de l`assassin  
Bayard Jeunesse, 226 pages, 13,90 €

 

 

Un roman qui transcende les étiquettes d’âge : il peut aussi bien être lu par des adultes. Ce genre de roman universel est la marque des grands romans. Je recommande celui-ci à tout le monde, dès 11 ans, tant il est beau et humain. C’est un récit de rédemption et d’amour, dans une écriture très travaillée. Ne boudez pas votre plaisir et plongez-y.

 


John Green, Qui es-tu Alaska ?  
Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Catherine Gibert, 416 pages, 8,20 €

 


J’adore les romans de John Green, généralement, et celui-ci, qui est son tout premier, reste mon préféré, peut-être parce qu’on y sent toute la part autobiographique. John Green sait admirablement retranscrire l’esprit et les préoccupations adolescentes, avec une véritable tendresse. Miles, 16 ans, est en internat, et y découvre l’amour, l’amitié, la trahison, la cruauté de la vie ainsi que les plaisirs interdits. Le ton est souvent drôle, et le récit très émouvant.

 

 

Malika Ferdjoukh, Quatre soeurs, Intégrale  
L'école des loisirs, 624 pages, 5,70 €

 


La plume est vivante, drôle, émouvante, elle chante : tout ce que j’aime en littérature jeunesse ! On suit ces sœurs au fil des saisons : chacune a son caractère bien défini, et tente de vivre sans parents, même si leurs fantômes apparaissent quelquefois (de manière assez délicieuse). Rencontres, amours, rêves, émotion, dans un récit plein de poésie : la vie-même, avec un grand V !

 

 

Annet Huizing, Comment j`ai écrit un roman sans m`en rendre compte  
Syros Jeunesse, traduit du néerlandais par Myriam Bouzid, 224 pages, 15,95 €

 

 

L’héroïne a 12 ans, ce qui situe le roman dans une tranche hélas indéfinie du marketing jeunesse : la préadolescence. La métaphore du roman que l’on cultive, qui pousse, mûrit, grandit et sort de terre est admirablement bien menée. Eh oui, écrire un roman c’est plonger les mains dans la terre, fouiller, se salir un peu, émerger plus clairement. Mais surtout, surtout, chaque chapitre donne lieu à un véritable conseil d’écriture, très mais alors très juste et pertinent. La petite fille finit en effet par écrire un vrai bon roman, aidée par de vrais ateliers d’écriture informels donnés par sa voisine écrivaine. C’est passionnant, tout simplement, et j’ai vraiment apprécié l’écriture simple, très adaptée à une enfant de cet âge, mais qui laisse transparaître tant de profondeur dans le non-dit.

 

 

 

Quels sont les livres jeunesse à recommander selon vous ? Dites-le nous en commentaire de cet article... 

 

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